Cinema
Cannes 2023, Compétition : Les Feuilles mortes, Kaurismäki pur jus

Cannes 2023, Compétition : Les Feuilles mortes, Kaurismäki pur jus

26 May 2023 | PAR Geoffrey Nabavian

Un nouveau long-métrage du célèbre finlandais qui ne surprend pas si l’on connaît déjà son oeuvre.

La filmographie d’Aki Kaurismäki a ses constantes. Ces Feuilles mortes sont à ranger dans sa veine qui suit des amochés essayant malgré tout de se payer des rêves, sur fond d’alcool, de petits boulots gangrenés par l’illégalité et d’amour à faire tenir debout face à la dure adversité. Avec de préférence pour le personnage masculin, un look de looser magnifique entre cuir et cheveux en arrière. Et bien entendu pour envelopper tout ça, un humour ultra à froid distillé à coups de micros gouttes acidesArielAu loin s’en vont les nuagesJ’ai engagé un tueur ou même La Fille aux allumettes – à l’humour bien plus rare tout de même – peuvent se ranger dans cette catégorie : L’Homme sans passé, lui, a un ton et un programme qui diffèrent un peu.

L’ennui, c’est qu’en disant ça on a un peu tout dit. Pour celui qui connaît déjà en bonne partie le travail de l’homme, Les Feuilles mortes n’offre pas de surprise. S’il apprécie le style du cinéaste, il ne lui reste qu’à chercher à déceler les petites nuances offertes par ce nouveau long-métrage.

Un film qui donne à suivre la rencontre, kaurismäkienne s’il en est, entre un ouvrier immigré en Finlande beau mais alcoolique, et une jolie employée de supermarché rongée par le fait de vivre toute seule. Le tout entre besogne un peu décourageante, karaokés, bars, rues grises et trottoirs de solitude.

Bien entendu, même si l’on est pas acquis à Kaurismäki, certains traits comiques séduisent. On pense notamment à l’ouvrier Huotari, qui n’a pas vraiment de recul sur lui-même lorsqu’il chante ou essaye de séduire. Le remarquable acteur Janne Hyytiäinen fait merveille en l’interprétant, par son jeu d’un sérieux totalement refroidi. Il n’empêche que, comme souvent face au réalisateur finlandais, on peut croiser une forme de simplisme dans le scénario et l’univers.

On ne le rencontre pas tant sur le plan thématique – ces cabossés de l’existence ont le droit de se soutenir en s’aimant – que du côté de l’exécution. On peut juger que certains éléments du scénario par exemple évoluent un peu vite. Ou font trop conte aussi. On sait que c’est un peu l’effet recherché. On peut néanmoins estimer que l’effet serait plus marquant et émouvant si Kaurismäki s’en remettait à du réalisme totalement pur et dur. Certains diront qu’on contraire, le léger aspect conte reste plus essentiel que tout. Question de goût, donc.

Le Festival de Cannes se poursuit jusqu’au 27 mai.

Retrouvez tous les films du Festival dans notre dossier Cannes 2023

 

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Visuel : © Copyright Malla Hukkanen/Sputnik

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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