
Cannes 2019, Un certain regard : “La Vie invisible d’Euridice Gusmao”, saga trop encombrée d’effets
Ce film dramatique signé Karim Aïnouz (Madame Sata, Praia do futuro) conte l’odyssée de deux sœurs sur plusieurs années, avec une réalisation que l’on peut trouver lestée d’effets trop insistants.
La Vie invisible d’Euridice Gusmao commence au Brésil dans les années 50. La jeune et belle Guida s’enfuit de sa maison familiale définitivement, pour suivre son amoureux. Sa soeur Euridice, elle, demeure. Dans une société qui, au fil des décennies, va rester très patriarcale, ces deux sœurs au départ unies vont tracer leurs chemins loin l’une de l’autre, au fil d’un scénario animé par les célébrations et la tristesse, par les envie de liberté et la réalité.
Ce film signé par Karim Aïnouz (révélé à Cannes en 2002 avec Madame Sata, puis signataire du Ciel de Suely et de Praia do futuro), s’il apparaît doté d’un bon rythme, souffre toutefois de sa longueur excessive, et surtout d’effets qu’on peut trouver trop insistants et parfois peu adroits techniquement (les ralentis, surtout). Dans certaines séquences, ainsi, les émotions semblent soulignées à outrance, ainsi. On eût aimé que cette mise en scène nous laisse plus de place pour rêver.
Dommage pour les actrices, au premier rang desquels s’impose Carol Duarte, pleine de vie et de charisme rentré : on regrette de ne pas pouvoir la suivre au sein de cette aventure avec plus de liberté et d’espaces pour convoquer nos rêves et nos sentiments. Malgré le contexte et les événements évoqués, et malgré le souffle souterrain de l’intrigue, on reste le plus souvent à distance, devant ces plans trop travaillés, et ces effets parfois trop sûrs d’eux, un peu étouffants…
Geoffrey Nabavian
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Visuel : © ARP Selection