
Cannes 2018, Acid : le huis clos oppressant de “Bad bad winter”, reflet d’une éthique mise à mal au Kazakhstan
Avec “Bad Bad Winter“, son premier long-métrage, Olga Korotko nous enferme dans un huis clos, où morale et justice disparaissent pour laisser transparaître l’état d’une société kazakh traumatisée par le communisme, en proie à la délinquance, à la corruption et aux déchirements sociaux.
D’un côté, il y a la protagoniste, la fille d’un riche homme d’affaires qui retourne dans sa ville natale après le décès de sa grand-mère pour vendre sa maison. De l’autre, il y a ses anciens camarades de classe qui lui rendent visite… mais pas pour se souvenir du bon vieux temps. Après avoir accidentellement tué un homme, c’est l’argent de la grand-mère en petites coupures, caché dans la maison, qu’ils cherchent pour éviter la prison.
Ni bourreaux, ni victimes, ou les deux en même temps. Entre la vie et la morale, l’enfermement et la justice, la cinéaste nous met face à ces questionnements éthiques, à travers des personnages vivant de plein fouet les conséquences du communisme, où le crime n’est pas puni lorsque l’argent est dans la poche. Quand la justice est remplacée par la corruption et la hiérarchie des classes, pas étonnant que l’éthique de ces jeunes soit partie en fumée. Par l’atmosphère oppressante et la tension créées par les lumières et les nombreux plans fixes et hors-champs que propose la cinéaste, la maison se transforme en un huis clos reflétant leur propre emprisonnement pathologique.
Malgré quelques longueurs, Bad bad winter est un drame maîtrisé, grâce à sa mise en scène et à son scénario glaçant.
Bad bad winter , film d’Olga Korotko, avec Tolganay Talgat, Marat Abishev, Zhalgas Zhangazin, Nurgul Alpysbayeva et Tair Magzumov, présenté au festival de Cannes, à l’ACID. Durée : 116 minutes.
https://www.youtube.com/watch?v=AjpFVBOmq-I
Visuels : © Seven Rivers Cinema Production