Ana Sofia Fonseca : “Cesária Evora est un personnage fascinant” (Interview)
Ce mercredi 29 novembre est sorti le film-documentaire Cesária Evora, la diva aux pieds nus. Basé sur des témoignages et images d’archives inédites, ce film retrace les luttes, les excès et les succès de la légendaire chanteuse capverdienne (décédée en décembre 2011) qui rencontrera tardivement le succès qu’on lui connaît. D’une enfance difficile à des décennies de pauvreté, rongée par l’alcool et la dépression, elle finira par faire briller sa musique à travers le monde, la qualifiant reine de la Morna. À l’occasion de la sortie du film, Toute la culture a rencontré la réalisatrice Ana Sofia Fonseca en promotion à Paris.
Toute la culture : D’où vous est venue l’idée de réaliser un film sur la vie de Cesária Evora ?
Ana Sofia Fonseca : J’aime raconter des histoires et surtout des histoires de femmes. Cesária est une femme incroyable, une super dame, un personnage fascinant. C’est un privilège pour moi de raconter une histoire comme celle de Cesária.
On remarque à travers le film que Cesária a connu un long chemin avant de connaître le succès et la célébrité. Pourquoi a-t-elle connu un succès tardif alors qu’elle chantait depuis l’âge de 16 ans ?
C’est vrai qu’elle a commencé très jeune à chanter dans les bars au Cap-Vert. Elle a beaucoup chanté pour toutes ces années mais elle n’avait rien en retour. Un jour, lorsqu’elle était au Portugal, elle chantait dans un bar qui s’appelait Mont Cara. C’est là qu’elle a fait la rencontre de José Da Silva qui travaillait dans le chemin de fer en France. Il est venu au Portugal et a regardé Cesária chanter. Il a été ému par sa voix. Ils se sont ensuite parlé et José lui a proposé de venir à Paris pour faire des petits concerts. Cesária est ensuite venue à Paris. C’est là que sa carrière a été lancée et que sa vie a changé.
En quoi sa rencontre avec José Da Silva a considérablement changé sa vie ?
Cesária a aussi changé la vie de José. C’est grâce à elle qu’il a vraiment travaillé dans la musique. Il est le créateur et le fondateur du label Lusafrica qui a vu le jour en 1988. Tout est parti de sa rencontre avec Cesária.
On découvre aussi à travers votre film que Cesária était une grande consommatrice de tabac et d’alcool. Ça faisait partie de ses démons au point qu’elle a connu de gros problèmes de santé avant sa mort ?
Vous savez, parfois, vous avez des gens qui ne fument pas et ne boivent pas, et pourtant ça ne les empêche pas de trouver gravement malade.
Avez-vous découvert des choses qui vous touchées ou émues dans la préparation de ce film ?
Oui, beaucoup de choses m’ont émues. C’est difficile de ne pas être pris par l’émotion quand on raconte la vie d’une femme exceptionnelle. Rien que le fait de recueillir des témoignages incroyables nous émeut. Beaucoup de gens disent que ce film est un hommage à Cesária Evora et au Cap-Vert. J’espère quand-même qu’il contribuera à faire perdurer la mémoire, l’histoire et la voix de Cesária.
Cesária Evora, la diva aux pieds nus, un film d’Ana Sofia Fonseca, 1h35. Portugal. Distribution : Epicentre Films. En salles depuis le 29 novembre 2023.
