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[Critique] “The Cut” de Fatih Akin

[Critique] “The Cut” de Fatih Akin

15 January 2015 | PAR Matthias Turcaud

Obéissant à un devoir de mémoire envers un génocide arménien dont on a (trop) peu parlé, The Cut n’est – et loin s’en faut – pas l’œuvre la plus forte de Fatih Akin. On regrette notamment un certain schématisme et des maladresses, mais le film a aussi des qualités.

[rating=3]

Synopsis officiel : Anatolie, 1915. Dans le tumulte de la Première Guerre mondiale, alors que l’armée turque s’attaque aux Arméniens, le jeune forgeron Nazaret Manoogian est séparé de sa femme et ses deux filles. Des années plus tard, rescapé du génocide, Nazaret apprend que ses filles sont toujours en vie. Porté par l’espoir de les retrouver, il se lance dans une quête éperdue, ponctuée de rencontres avec des anges et des démons, du désert de la Mésopotamie aux prairies sauvages du Dakota...

Ça commence assez mal avec une représentation caricaturale et presque grotesque de l’armée turque qui arrache le personnage principal à sa famille – sa femme et ses deux filles qu’il ne cessera de vouloir retrouver tout au long de son épique périple à travers le monde. Une scène de fusillade au début également sonne relativement faux. Le film a par ailleurs une tonalité parfois trop cérémonielle et solennelle, l’hommage au génocide arménien est parfois un peu laborieux, et le scénario un peu appuyé.

Cependant, et malgré un cahier des charges très lourd – être un mémorial du génocide arménien à lui tout seul, rien que ça -, une première partie maladroite et un sujet d’énorme tire-larmes assez casse-gueule, The Cut arrive miraculeusement à nous émouvoir, de temps à temps. Ce père échappé in extremis d’un massacre, devenu muet et qui revoit des photos de sa fille,  nous émeut finalement énormément ; et, spectateurs que nous sommes, nous nous identifions profondément au spectateur en larmes qu’il est momentanément – bref moment de respiration et de répit dans sa suite d’aventures extraordinaires et ininterrompues – devant la projection d’un film de Charles Chaplin – The Kid. Progressivement, le film quitte l’académisme du film à costumes un peu trop rigide et guindé pour prendre son envol. Progressivement, le film devient une épopée, une réécriture de L’Odyssée d’Homère, même.

C’est quand il ose, quand il rappelle Sergio Leone et ses paysages à vous couper le souffle, quand il se coltine la grandeur et le grandiose propres à son sujet hors norme et résolument bigger than life que le film atteint son meilleur niveau. La musique aux accents psychédéliques d’Alexander Hacke nous happe, comme le regard fixe d’un Tahar Rahim très habité, et la photo de Rainer Klaussmann est magnifique.

En définitive, la seconde partie très réussie sauve la première qui l’est moins, et, s’il n’a pas la densité ou la force des chefs-d’œuvre du talentueux cinéaste germano-turc – De l’autre côté (Auf der anderen Seite) et Head-On (Gegen die Wand) en premier lieu -, il reste un film digne et à voir.

Crédits photos : photos officielles du film.

The Cut de Fatih Akin, Pyramide, 2h18, Allemagne. Avec Tahar Rahim, Hindi Zahra, Simon Abkarian …

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Matthias Turcaud
Titulaire d'une licence en cinéma, d'une autre en lettres modernes ainsi que d'un Master I en littérature allemande, Matthias, bilingue franco-allemand, est actuellement en Master de Littérature française à Strasbourg. Egalement comédien, traducteur ou encore animateur fougueux de blind tests, il court plusieurs lièvres à la fois. Sur Toute La Culture, il écrit, depuis janvier 2015, principalement en cinéma, théâtre, ponctuellement sur des restaurants, etc. Contact : [email protected]

One thought on “[Critique] “The Cut” de Fatih Akin”

Commentaire(s)

  • TURCAUD Marie

    nous suivrons votre appréciation pour the cut !

    January 16, 2015 at 20 h 30 min

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