
Mario, histoire d’amour engagée dans le milieu du foot
Avec Mario, Marcel Gisler signe un film tout en sensibilité sur l’homophobie dans le milieu du football. Poignant.
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Avec cette coupe du monde estivale et les Gay Games qui débutent le 4 août à Paris, le moins que l’on puisse dire, c’est que Mario est d’actualité. Plongeant dans les coulisses d’un club de foot suisse, le film suit l’histoire de Mario, jeune footballeur professionnel qui, à l’occasion de l’arrivée d’un nouveau coéquipier dans son club, va tomber amoureux et voir sa vie bouleversée.
Léon, c’est le nom du petit nouveau. Il joue bien. Peut être un peu trop. Mario aussi. Les deux hommes, en deuxième division, ont un objectif commun : jouer en première division. Le club, qui place son espoir dans ces deux pépites, fait emménager le duo ensemble, qui de fous rires en discussions, apprend à se découvrir, jusqu’à un soir, fatal, où Léon embrasse Mario. S’en suit la découverte pour Mario de son homosexualité et de son amour pour Léon.
Mais dans le milieu très macho du foot, où on parle d’un mauvais tir comme d’un “tir de pédé”, l’histoire risque de ne pas passer. Alors Léon et Mario se cachent, mentent, nient face aux moqueries de ceux qui les ont découvert ou à leur fédération qui flaire le danger pour les sponsors qui refusent de soutenir des joueurs gays.
Que l’homosexualité soit encore taboue dans le milieu du football peut sembler aberrant aujourd’hui, dans nos sociétés occidentales démocratiques. Pour rendre compte du sujet, grave, Marcel Gisler s’est inspiré d’histoires vécues, de témoignages, comme celui de Marcus Urban, footballeur allemand qui a attendu l’arrêt de sa carrière pour faire son coming-out. Dans son film, c’est tout un système qui est mis au jour : les jalousies qui servent de catalyseur aux chantages dans un milieu où la concurrence est rude, la peur d’être lâché par des sponsors qui craignent de voir la valeur de leur poulain diminuée…Car afficher son homosexualité, c’est risquer de ne pas être acheté par certains clubs, parfois appartenant à des pays moins tolérants sur la question.
Le film, bien construit et tout en finesse psychologique, rend très bien compte de la pression qui pèse sur les joueurs, redoublée par un jeu de cache-cache permanent auquel ils se livrent pour masquer leur homosexualité. Sans jamais sombrer dans le pathos, Marcel Gisler filme avec une grande sensibilité et une photographie impeccable les moments d’intimité comme les vestiaires de foot. Les personnages sont travaillés, y compris les seconds rôles, tel ce père omniprésent ou cette meilleure amie compréhensive et un peu paumée. Mario est un film poignant, nécessaire… Et cela encore plus quand on sait que le prochain mondial aura lieu au Qatar, où l’homosexualité est punie. Pour la FIFA, l’argent passe avant la liberté…
Mario, de Marcel Gisler avec Max Hubacher et Aaron Altaras. Sortie le 1er août, durée 2h.
Visuel : ©Affiche du film