Kokon, plongée dans la douceur et la brutalité de l’adolescence
En nous plongeant au cœur de la jeunesse berlinoise populaire, Kokon, teen movie naturaliste, nous offre un portrait sensible d’un amour queer adolescent naissant dans la sensualité de l’été.
L’apprentissage de la sensualité
S’inspirant de sa propre adolescence, Leonie Krippendorff nous raconte l’histoire de Nora, jeune adolescente de 14 ans, vivant entre une mère absente et alcoolique et une grande sœur star du lycée, piégée par les réseaux sociaux et l’hétérosexualité. En prenant pour cadre la fin de l’année scolaire et le début de l’été caniculaire, la réalisatrice explore une part décisive de l’adolescence : l’apprentissage de la sensualité, la découverte du corps -le nôtre et celui des autres. Les premières amoures riment avec les sorties clandestines à la piscine, les ventres nus. Cette place accordée au corps se retrouve à l’image : à la fois dans une photographie brillante, qui rappelle la moiteur de l’été et le soleil tapant, mais aussi dans les cadrages serrés qui isolent les regards, les peaux ou encore la nature pour leur donner une nouvelle intensité.
Aimer autrement
Mais, au-delà de ce qu’il y a de commun à l’âge et à la découverte du corps, à l’éclosion des sentiments, Kokon n’est pas une histoire d’amour comme les autres. La découverte de soi s’accompagne d’une découverte de sa sexualité et du désir lesbien. Lentement, on se laisse aller avec elle à ce désir réprimé -par ses professeurs, par sa sœur-, et ce qu’il incarne comme résistance face à une norme hétérosexuelle : d’autres critères de beauté, d’autres temporalités, d’autres intensités.
Ainsi, avec la douceur de l’enfance et la brutalité de l’adolescence, Kokon laisse une trace indélébile et obsède. Il touche un endroit particulier du cœur, celui de la solitude, de la nostalgie, de la peur de devenir adulte et de la tristesse de ne plus être enfant.
Visuel : image du film.