
“Jeune Juliette”, un film d’Anne Emond
Dans ce long-métrage en 35 millimètres, la réalisatrice québécoise Anne Emond propose sa version du teen-movie.
Juliette souffre de surpoids et, défaut terrible à l’adolescence, d’un intellectualisme aigu : elle lit, ce qui suffit à en faire un OVNI. Rejetée par ses camarades de classe, elle répond à leurs moqueries par son mépris, un rien sarcastique, et, il faut bien l’avouer, la force que lui donne son embonpoint, écrasant de sa masse ceux qui l’embêtent d’un peu trop près. Aussi ce film parvient-il à éviter, dans son évocation de cet âge difficile, tout pathos.
C’était le choix de la réalisatrice que d’éviter des références trop explicites à l’époque actuelle : si Juliette communique avec sa mère par Skype et ses camarades la prennent en photo avec leurs téléphones portables, les vêtements, le grain de la pellicule, les fermetures à l’iris donnent au film la saveur un peu nostalgique des films et téléfilms des années 1980. Un effet de citation, également, comme pour nous inviter à ne pas trop prendre le film au sérieux.
Car c’est un sujet lourd, et fortement médiatisé depuis quelques années, qui est évoqué là : le “harcèlement scolaire”, mais aussi la légèreté avec laquelle parents et enseignants traitent ce phénomène. Nul jugement pour autant vis-à-vis des adultes : Juliette, malgré quelques moments de doute, sait se défendre toute seule. Le sourire et l’interprétation de son interprète, Alexane Jamieson, nous invitent de toutes façons à croire en l’aptitude de la jeune fille à se battre et rebondir.
En dépit de ce jeu avec les poncifs du genre, le film peine toutefois à nous emporter : nous suivons sans déplaisir les difficultés de Juliette à trouver sa place au lycée, sans pour autant nous attacher véritablement à la jeune fille ou à son entourage.
Visuel : © Ligne 7