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[Critique] « Les Cowboys » : premier film audacieux et prometteur de Thomas Bidegain
Thomas Bidegain (scénariste de Jacques Audiard) signe un long-métrage extrêmement ambitieux, retraçant la quête d’un père (solidement interprété par Français Damiens) à la recherche de sa fille, disparue précipitamment après sa conversion à l’Islam. A la fois western, drame intime et objet politique, Les Cowboys traverse 20 ans d’Histoire avec la montée de l’Islamisme comme toile de fond. Un premier film risqué, forcément d’actualité, parfois maladroit, souvent passionnant.
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Extrait du synopsis officiel : Une grande prairie, un rassemblement country western quelque part dans l’est de la France. Alain est l’un des piliers de cette communauté. Il danse avec Kelly, sa fille de 16 ans sous l’oeil attendri de sa femme et de leur jeune fils Kid. Mais ce jour là Kelly disparaît. La vie de la famille s’effondre.
Le distributeur et l’équipe du film ont décidé de maintenir la sortie des Cowboys malgré les évènements du 13 novembre (contrairement à Made in France qui a repoussé sine die son exploitation en salles). Le scénariste d’Audiard reprend des intentions que l’on appréciait déjà dans Un Prophète, De rouille et d’os et Dheepan. L’idée de réunir le cinéma de genre et le cinéma social. De partir du fait divers sociétal et politique pour l’emmener vers le mythique et le romanesque. Avec une ambition de divertissement éclairé qui ne sacrifie pas la forme au fond. Les cowboys est une illustration parfaite de ce manifeste cinématographique, allant chercher du côté du film de kidnapping, du western, du thriller d’espionnage et du drame familial. Au sein d’un scénario d’une rare ambition, multipliant des sauts (parfois déconcertants) dans l’espace et le temps, suivant à la fois la quête de la fille et de la sœur perdue et la montée de l’Islamisme radical. On ne peut s’empêcher de penser aux liens avec l’actualité récente des attentats de Paris mais Thomas Bidegain nous parle d’Al-Quaida plus que de l’État Islamique, et de salafisme traditionaliste plus que de terrorisme (voir l’article du Monde qui sur le sujet).
Car on comprend très vite que la jeune fille a choisi de partir, de tout quitter, du jour au lendemain, après une conversion et une transformation très rapides. François Damiens est étonnant de solidité dans le rôle du père, incapable d’accepter cette réalité, prêt à tout pour la retrouver et la ramener à la maison. La quête du père devient celle du fils (incarné par la révélation Finnegan Oldfield), qui va lui aussi parcourir le monde pour retrouver sa soeur. Le périple passe de la France à la Scandinavie, la Belgique, le Pakistan. Offrant l’occasion de retracer en parallèle les évènements fondateurs de la mouvance islamiste radicale. La multiplication des pistes et la volonté de résumer 20 ans d’Histoire font parfois perdre aux Coboys sa subtilité, avec des raccourcis et des parallèles maladroits qui confondent l’Islam rigoriste individuel avec l’implication dans des organisations terroristes. Des défauts que l’on percevait déjà dans le Dheepan d’Audiard et Incendies de Denis Villeneuve auxquels les Cowboys ressemble beaucoup. Ces quelques faiblesses sont vite oubliées car elles sont avant tout les dommages collatéraux d’une véritable ambition. On reproche parfois au cinéma français sa frilosité, son incapacité à créer du divertissement tout en s’inscrivant dans le contemporain. Thomas Bidegain offre la meilleure réponse avec un drame intense, foisonnant, qui fait partie des propositions les plus intéressantes de la production hexagonale cette année.
Les Cowboys, un film de Thomas Bidegain avec François Damiens, Finnegan Oldfield et Agathe Dronne, durée 1h45, sortie le 25 novembre 2015
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One thought on “[Critique] « Les Cowboys » : premier film audacieux et prometteur de Thomas Bidegain”
Commentaire(s)
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Matthias Turcaud
Belle critique qui résume bien ce film définitivement original, intéressant et preneur de risques à commencer par son casting et son idée casse-gueule mais finalement très bonne de confier le role du père à un Francois Damiens qu’on n’avait encore jamais vu aussi intense et émouvant.