A l'affiche
“Mistress America” : un nouveau portrait de femme newyorkaise irrésistible par le couple Baumbach/Gerwig

“Mistress America” : un nouveau portrait de femme newyorkaise irrésistible par le couple Baumbach/Gerwig

29 November 2015 | PAR Yaël Hirsch

Noah Baumbach avait révélé sa femme en la filmant en newyorkaise éternellement libre dans Frances Ha, après le succès de While we’re young sans elle à l’écran , il donne à nouveau à Greta Gerwig un rôle touchant et drôle avec Mistress America. Une comédie pétillante qu’ils ont écrite à deux et où l’on sent qu’ils se sont éclatés … Pour notre plus grand plaisir. Sortie le 6 janvier 2016.

[rating=5]

La jeune Tracy (Lola Kirke) entre à Barnard et trouve difficiles ses premiers mois à New-York. Refusée de la société littéraire la plus branchée, cette littéraire dans l’âme mange mal, seule, loin de sa mère et l’amitié d’un intello maqué avec une autre ne la sauve pas d’une solitude désastreuse. Poussée par sa mère, elle décide alors de rencontrer la fille de nouveau fiancé de cette maman moderne. Brooke (Greta Gerwig) a la trentaine, des amis partout, ses entrées dans tout New-York, une grande générosité et comme beaucoup d’habitants passionnés par la ville, elle n’a pas renoncé à ses rêves malgré une grande précarité financière : elle voudrait ouvrir un restaurant hipster et tendre où tous soient bienvenus devant des assiettes dépareillées. Tracy tombe immédiatement amoureuse de ce personnage solaire, vit par et pour elle, l’aide dans ses combats mais a aussi sa perspective quand elle dresse un portrait assez acerbe de son manque de lucidité et de sa course à l’échec.

Histoire d’amour adulescente filmée comme à l’habitude de Baumbach entre la pièce de théâtre et le geste appuyé du film muet, ce film en couleurs, lumineux, où les trentenaires continuent à refuser de vieillir dresse un portrait de femme touchant, à la mesure, sinon encore meilleur que Frances Ha. Tout est juste dans la comédie douce-amère du couple Baumbach/Gerwig : l’hystérie ravageusement adorable d’une femme qui continue à rêver passer trente ans,  les ambiguïtés d’une relation sororale trop rapide et l’effet indémodable d’un New-York où tous les serveurs, vendeurs et livreurs de la ville continuent à croire, année après année, que le rêve de réussite selon leurs critères va advenir. Drôle mais jamais acerbe, critique mais avec amour pour les personnages, d’un goût excellent en tout, y compris la BO planante de Dean Wareham et Britta Philipps, Mistress America est plus intime mais peut-être encore plus réussi que le délirant While we’re young. On attend encore beaucoup du couple Baumbach/Gerwig, ils nous font juste rêver par leur créativité et leur liberté.

Mistress America de Noah Baumbach, avec Greta Gerwig, Lola Kirke, Matthew Shear, Jasmine Cephas-JOnes, Heather Lind, USA, 1h24, Fox Searchlight, sortie le 6 janvier 2016.

[Sortie dvd] “La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil”, tout l’univers seventies de Joann Sfar
[Critique] « Les Cowboys » : premier film audacieux et prometteur de Thomas Bidegain
Avatar photo
Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration