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[Critique] « La Marcheuse » de Naël Marandin, une plongée au coeur de la prostitution à Belleville

[Critique] « La Marcheuse » de Naël Marandin, une plongée au coeur de la prostitution à Belleville

03 February 2016 | PAR Aurélie David

La Marcheuse, premier long-métrage de Naël Marandin, présenté à Premiers Plans il y a quelques jours, est un drame poignant sur la prostitution des femmes chinoises au coeur du quartier de Belleville à Paris. Notre critique.

[rating=3]

Extrait du synopsis officiel : Lin Aiyu, clandestine chinoise, se prostitue dans les rues de Belleville. Elle habite avec sa fille adolescente, à qui elle cache son activité. Leur vie bascule lorsqu’un soir, un inconnu, blessé, pénètre brutalement chez elles. Tantôt ravisseur, tantôt prisonnier, l’homme s’impose comme une menace et une chance à saisir…

Après avoir fait ses débuts de comédien dans Les Enfants du siècle de Diane Kurys et de réalisateur avec ses courts-métrages Corps étrangers et Sybille, Naël Marandin s’essaye aujourd’hui au long-métrage avec La Marcheuse, un drame fort sur le quotidien des clandestines chinoises qui se prostituent au cœur de Belleville à Paris. Au travers de cette fiction, inspirée de situations réelles et filmée dans les rues mêmes de ce quartier, on suit la trajectoire de vie de l’une de ces femmes : Lin Aiyu. Imaginée par le réalisateur comme un soldat au féminin, ce personnage, magnifiquement interprété par Qiu Lan dont c’est le premier rôle au cinéma, ne cesse d’avancer, de tomber, de se relever, de tomber à nouveau et de continuer à avancer malgré les affres qui sillonnent son chemin.

Ce film dépeint avec justesse toutes les épreuves auxquelles sont confrontées ces femmes : être sans papier et craindre à tout moment l’expulsion et le retour au pays, vendre son corps et rentrer chez soi en se sentant un peu plus rabaissée à chaque fois, courir la peur au ventre pour fuir la police et subir parfois des violences des clients. C’est dans ce quotidien misérable qu’un soir, Daniel, débarque chez Lin Aiyu et sa fille. Interprété par Yannick Choirat, déjà vu dans J’attends quelqu’un de Jérôme Bonnel et De rouille et d’os de Jacques Audiard, ce personnage sombre, violent par moment, mais doté d’un cœur, incarne surtout le mystère. Représentant à la fois l’inconnu et l’espoir pour ces deux femmes, il garde ses secrets jusqu’à la fin, nous laissant le goût amer de la frustration.

Mais au-delà de cette trame justement mise en scène, La Marcheuse, c’est également une histoire de solidarité et de bienveillance. Ces femmes, dont la vie ne les a pas épargnés, se connaissent et sont obligées de s’entraider pour être plus fortes. Elles forment ainsi une sorte de famille unie, puisque la leur est souvent loin. Leurs peines et leurs déceptions nous touchent autant que leurs joies et leurs amours nous font sourire, bref, tous ces moments qui rythment leur vie sont retracés à l’écran et nous prennent aux tripes. Un drame certes, mais où ce jeune réalisateur se permet également d’apporter par moment une certaine légèreté, en intégrant par petites touches humour et tendresse. L’œil neuf de Naël Marandin fait mouche sur ce thème, longtemps banalisé et déjà abordé, et nous livre une fiction poignante qui ne laisse pas indifférent.

La Marcheuse, un drame français de Naël Marandin avec Qiu Lan, Yannick Choirat et Louise Chen. Durée 1 h 20. Sortie le 3 février 2016.

Visuels : ©  Affiche et Bande-annonce officielles du film.
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Aurélie David

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