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[Critique] « La Fille du patron » : chronique sociale avec un vrai sens du romanesque

[Critique] « La Fille du patron » : chronique sociale avec un vrai sens du romanesque

08 January 2016 | PAR Gilles Herail

Olivier Loustau et Christa Theret forment le coupe principal d’une chronique sociale teintée de romance passionnelle qui révèle un vrai talent de créateur d’ambiance. La fille du patron  n’est pas dénué de défauts, tâtonne parfois, mais étonne par son énergie, sa sensualité et son sens du romanesque. Un premier long-métrage perfectible qui ne laisse pourtant pas insensible.

[rating=2.5]

Extrait du synopsis officiel : Vital, 40 ans, travaille comme chef d’atelier dans une usine textile. Il est choisi comme « cobaye » par Alix, 25 ans, venue réaliser une étude ergonomique dans l’entreprise de son père sous couvert d’anonymat. La fille du patron est rapidement sous le charme de cet ouvrier réservé et secret qui s’ouvre peu à peu à son contact et se met à rêver d’une autre vie…

La fille du patron a bénéficié de critiques presse plutôt enthousiastes, lui permettant de bénéficier d’une sortie un peu plus large que prévue. Le pitch rappelle celui de Pas son genre de Lucas Belvaux, qui racontait une même histoire d’amour effaçant les barrières se classe. Mais le premier film d’Olivier Loustau s’échappe de ce canevas pour partir dans des directions inattendues. La caméra porte un vrai regard sur le monde de l’entreprise et de l’usine. Décrivant avec minutie ses processus, ses routines et ses relations sociales. Le lieu de travail devient cet espace d’étude qu’une jeune ergonome (interprétée par Christa Théret) va analyser, disséquer, séquencer. Scrutant les gestes, les postures et les habitudes des ouvriers pour limiter l’impact de leur métier sur leur santé et augmenter leur productivité. On apprécie beaucoup ce regard sociologique, décrivant avec minutie la chaine de production mais aussi l’environnement qui l’entoure, tout en gardant une vraie ambition cinématographique. Car l’observation de la jeune thésarde devient également une forme de voyeurisme, intégrant une tension érotique latente qui débouchera sur une passion sincère avec l’un de ses objets d’étude.

Une attraction mutuelle transgressive et incomprise car s’éloignant des carcans attendus. Olivier Loustau ne filme ni une histoire d’amour, ni une simple passade. Plutôt une évidence, qui emporte l’adhésion du spectateur malgré des personnages décrits de manière carricaturale. Le cinéaste filme avec la même intensité la dynamique du groupe et l’émotion sportive des salariés engagés au sein d’une compétition de rugby inter-entreprise.  Un cadre ambigu qui tient compte des relations hiérarchiques au boulot tout en les dépassant par moment autour de la passion commune. La fille du patron sait capter de beaux moments de fièvre, lors d’une soirée arrosée fêtant la victoire collective, d’une virée collective à moto, d’un match final qui prend une tournure épique. On est épaté par la beauté formelle de certaines scènes, l’énergie qui rythme le film, et le sens du romanesque d’un réalisateur qui donne du panache au genre parfois austère du film social. Les dialogues et la caractérisation parfois hâtive de certains personnages, notamment féminins limitent pourtant notre enthousiasme. Les dynamiques abordées passionnent mais l’écriture pêche par une envie d’expliquer, de signifier, de trop en dire. Un premier essai malgré tout prometteur.

Gilles Hérail

La Fille du Patron, une comédie dramatique sociale française d’Olivier Loustau avec Christa Théret, Olivier Loustau et Florence Thomassin, durée 1h38, sortie le 06/01/2016

Visuels : ©  affiche et bande-annonce officielles du film

Olivier Loustau et Christa Théret forment le coupe principal d’ un film imparfait, parfois malhabile, qui révèle cependant un vrai talent de créateur d’ambiance. La fille du patron  n’est pas dénué de défauts mais étonne par son énergie, sa sensualité et son panache. Un premier long-métrage perfectible qui ne laisse pourtant pas insensible.

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