“Le cinéma Japonais contemporain”, rapide tour d’horizon d’un cinéma particulièrement riche, aux éditions Ecrans.

31 May 2012 | PAR Kylhian Hildebert

Du cinéma japonais, on parle souvent de Mizoguchi Kenji ou Ozu Yasujiro pour les classiques ; et pour les plus contemporains de Kitano Takeshi, Miyazaki Hayao voire Kawase Naomi. Au-delà de ces quelques grands noms, le cinéma japonais est peu traité, et rares sont les ouvrages français à proposer une vision d’ensemble des principales caractéristiques de ce cinéma pourtant essentiel sur la scène mondiale…

C’est toute l’entreprise des éditions Ecrans à travers ce court ouvrage collectif qui porte sur le cinéma japonais de ces vingt dernières années. Période durant laquelle le Japon et son cinéma ont subi de nombreuses mutations et difficultés (crise économique, mort de grands cinéastes tels que Kurosawa Akira ou encore Fukasaku Kinji) ; il était plus qu’important d’analyser l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes élevés par la télévision et les cassettes VHS.

La difficulté pour analyser le cinéma japonais, comme le rappelle l’ouvrage, réside bien entendu dans la diffusion des films. Au-delà des grands noms ce cinéma est peu diffusé à grande échelle ; seule une infime portion du cinéma japonais traverse les frontières. En effet, le poids des dramas et des films dérivés mainstream est tel que les films qui arrivent dans nos contrées sont peu représentatifs de l’écrasante majorité des films vus au japon, peu originaux, peu novateurs et dont beaucoup concurrencent directement les blockbusters américains. Ainsi il faudra se tourner vers internet et ses plates-formes pour visionner les films non diffusés en salle et permettre une vision encore plus précise et exhaustive.

Le livre s’ouvre sur ce que le cinéma a fait de plus rayonnant pour le grand public : le film d’horreur. La sortie en 1999 de Ring de Nakata Hideo est un événement important du cinéma nippon, puisqu’il rayonnera à travers le monde entier, donnera lieu à d’innombrables adaptations, remake, plus ou moins officiels et plus ou moins réussis. La figure de la jeune fille aux cheveux longs très largement présente dans les films d’épouvante nippon a traversé les frontières, il s’agit en réalité d’une représentation commune de la mort en Asie, tout comme le squelette portant une toge noire et une faux l’est en occident. Nombreux sont les éléments de la civilisation nippone à être évoqués dans l’ouvrage ; les auteurs rappellent les points essentiels à assimiler afin de saisir toute la complexité et la richesse de ce cinéma. La figure de la mort ou encore l’importance de la nature, dont la conception est totalement différente de occident : là où les occidentaux cherchent à dominer la nature, au Japon ils vivent avec elle et cela explique pourquoi elle revêt une telle importance dans tout l’art japonais.

Séparé en parties distinctes qui traitent l’une après l’autre d’un élément particulier (l’émergence des femmes cinéastes, l’importance des séries/dramas, le film d’épouvante…), le livre se fait une excellente introduction au cinéma japonais contemporain. On attend avec impatience les autres ouvrages sur le cinéma asiatique : Le film érotique, le documentaire et le cinéma d’animation, délibérément traités séparément.