Cinema
“Conversations avec James Gray”, un ouvrage d’une richesse incomparable (aux éditions Synecdoche)

“Conversations avec James Gray”, un ouvrage d’une richesse incomparable (aux éditions Synecdoche)

19 June 2012 | PAR Kylhian Hildebert

Premier livre des éditions Synecdoche et véritable réussite avec cet ouvrage très bien soigné et richement fourni. L’auteur Jordan Mintzer nous fait partager près de 50 heures d’entretiens non seulement avec James Gray mais également avec ses collaborateurs fétiches…

 

Jordan Mintzer est critique pour Hollywood Reporter, en décembre 2010 il a réussi à s’entretenir une semaine durant avec le réalisateur James Gray pour nous offrir le livre que voici. Réalisateur atypique, qui a su en quatre films imposer son style très personnel avec des films pourtant de genre, James Gray né en 1969 se livre pour la première fois dans un ouvrage qui lui est entièrement consacré.

L’anecdote du début du livre résume à sa manière le cinéma de James Gray : la réalisation des entretiens tient au fait que le réalisateur n’ayant pas eu le financement pour son prochain film s’est donc retrouvé avec le temps nécessaire à accorder au critique. Non seulement cela illustre la difficulté pour monter un film à hollywood mais également toute la difficulté de faire un cinéma comme celui de James Gray : à mi-chemin entre le film indépendant et le film de studios.

James Gray relate ses origines, sa famille immigrée de Russie, sa découverte du cinéma, son quartier ultra-violent du New-York des années 1970. Tous ces éléments qui constitueront immanquablement son oeuvre. James Gray mélange le social avec le plus pur spectacle, La nuit nous appartient [We Own the Night] sorti en  2007 est un polar mais dont l’émotion est centrale ; alors que les autres polars ont pour élément central la résolution de l’enquête. Ses personnages sont tiraillés entre leurs problèmes intérieurs et externes, ce sont ces conflits qui intéressent James Gray (dès son premier film Little Odessa (1994) le personnage de Tim Roth est en proie à ce même conflit : ses problèmes familiaux et sa condition de mafioso) et qu’il retrouve dans l’oeuvre de Shakespeare dont il est un grand admirateur.

Le livre jouit de formidables illustrations, des extraits de scénario, de storyboard qui aident à percevoir à quel point Edward Hopper a une influence décisive sur son image, ainsi que de très belles photos de tournage parmi tant d’autres…

Chaque film fait l’objet d’un chapitre où tout est décortiqué, de la genèse du projet, à la réception des critiques et des spectateurs, en passant par l’écriture du scénario, le financement, le choix des acteurs et des lieux de tournage. James Gray se dévoile de manière naturelle et intime. De plus ses collaborateurs sont également interviewés : son producteur, ses scénaristes, son chef opérateur mais également Mark Wahlberg, Tim Roth, Eva Mendes, Gwyneth Paltrow, Joaquin Phoenix entre autres…

Au-delà du cinéma de James Gray, le livre permet également de se faire une assez bonne opinion de la difficulté pour réaliser un film indépendant aujourd’hui à hollywood, avec des producteurs qui sont de moins en moins enclins à donner le financement nécessaire pour un film non-standardisé, trop personnel.

C’est indubitablement un ouvrage riche en informations, absolument passionnant de la part des éditions Synecdoche dont on attend la prochaine parution -non connue à ce jour- que l’on espère aussi bien réussie.

(c) Visuels : Conversations avec James Gray, éditions Synecdoche

Le donjon de ses rêves. De Piranèse à Schuiten
Live Report’: Festival Radio Classique
Kylhian Hildebert

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration