
L’histoire des banquiers Rothschild, Camondo et Pereire s’expose à la BNF
Présentée dans la magnifique galerie Mansart du site Richelieu, l’exposition Les Rothschild en France au XIXe siècle déploie un riche matériel de tableaux, objets d’art, livres, illustrations, photographies, documents provenant des archives et collections de la famille Rothschild, de la BnF et de plusieurs institutions françaises.
Si l’exposition se nomme Les Rothschild en France au XIXe, elle se divise en trois salles pour trois familles : Les Frères Pereire qui ont créé les lignes de chemins de fer, le Crédit Mobilier, la famille Camondo qui fut un soutien financier à la réunification de l’Italie et, la Famille Rothschild qui occupe naturellement le plus grand espace.
On y croise trois familles intellectuelles, cultivées et mécènes. Quelle joie de voir dans l’encablure d’un mur, La Fillette au chapeau de paille de Renoir (1908) conservée au Musée d’Orsay, La Laitière de Jean-Baptiste Greuze (1725-1805) conservée au musée du Louvre et des manuscrits enluminés dont le célèbre Chansonnier de Jean de Montchenu du XVe siècle.
Mais ce que l’on retient de cette présentation riche de 200 numéros c’est la multiplicité des activités de ces familles ainsi que l’écho reçu par les contemporains. Ainsi, la place qu’occupe la philanthropie dans l’œuvre des Rothschild est impressionnante. Le statut des Juifs apparaît uniquement en filigrane. On apprend qu’ils fondent des hôpitaux ouverts aux juifs de Paris, qui, avant le concept d’État-Providence n’en avait pas.
Le parcours nous emmène des grands travaux haussmanniens à ceux de la Gare du Nord en passant par les superbes fêtes où le tout Paris se presse. Il se termine sur l’image du banquier dans les dessins critiques de Daumier. On voit aussi une édition d’époque de L’Argent de Zola. L’occasion est belle mais non saisie d’approcher la question des caricatures antisémites qui fleurissent à la même époque.
Car, l’histoire de ces familles peut difficilement se lire en dehors du prisme de l’histoire des Juifs de France. Cela l’exposition ne le mentionne que par touche, on apprend notamment que James de Rothschild habitait Rue aux Juifs.
En se concentrant sur le seul XIXe siècle on ne peut pas comprendre l’incroyable contexte de l’émancipation qui permet la réussite de ces familles. Les Juifs ne sont alors citoyens que depuis 1791. Jusqu’en 1940 ils peuvent travailler et entreprendre en toute égalité. Il aurait été important d’apporter un focus sur l’image de ces familles à la fin du XIXe siècle, où, au moment de l’Affaire Dreyfus, elles recueillent les affres d’un antisémitisme forcené. L’exposition se cantonne à un éclairage propre et précis sur ces familles qui ont transformé l’industrie Européenne au cœur de la Révolution Industrielle.
Visuels : Hôpital Nathaniel de Rothschild fondé en 1871 à Berck-sur-Mer, Pas de CalaisThe Rothschild Archive, London
Anonyme,La Banque du 19 rue Laffitte vers 1880 Coll. Part. Rothschild, Paris
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