Arts
Le génial flegme d’Elliott Erwitt gagne l’espace du Musée Maillol à Paris

Le génial flegme d’Elliott Erwitt gagne l’espace du Musée Maillol à Paris

06 April 2023 | PAR quentin didier

Le musée privé établit en hommage du célèbre sculpteur français par sa muse Dina Vierny, présente du 23 mars au 15 août une rétrospective de l’un des plus emblématiques photographes du 20ème siècle. Elliott Erwitt, artiste dont le sens du cadrage et du timing n’égale que son humour et sa fausse nonchalance, délivre un panorama du siècle dernier dans une exposition dont il a lui-même conçu le parcours. Quelques 250 clichés dévoilent des portraits intimes d’inconnus, de célébrités, de politiques, et ou encore de chiens.

Joindre l’utile à l’agréable

Son flegme caractéristique, Elliot Erwitt en joue tout au long de sa carrière à travers des séries photographiques qui n’émettent parfois aucune prétention et qui se construisent sans complexe sur des thématiques légères. Dépeignant la vie de couple, les sorties à la plage, et le quotidien des chiens, Elliott Erwitt abordent avec un réel plaisir son travail qu’il n’hésite ainsi pas à qualifier d’amateur.

Les nombreuses pellicules qu’il a pu épuiser à la plage viennent selon ses dires d’une manière nonchalante d’aborder son art : « … je prends des photos de plage parce que cela correspond à ma conception de la vie : joindre l’utile à l’agréable. On regarde les filles, on bronze, et il se peut que l’on réussisse un cliché. » (Elliott Erwitt, On the beach). Le résultat est une capture d’un moment simple et authentique. Nous sommes ici loin de la superficialité de la dolce vita présentée par Slim Aarons dans ses fameuses photographies de la jet set des années 50 et 60.

« Je prends des photos sérieuses, de temps en temps. »

En effet Elliott Erwitt se veut lui un photographe de l’ordinaire le plus total, aussi extraordinaire son quotidien puisse-t-il paraître. Son travail pour les magazines Life, Holiday, ou encore Collier’s lui fait rencontrer des grands noms du 20ème siècle (stars du cinéma, égéries, personnalités politiques, etc…). Pourtant Erwitt semble toujours se faufiler dans tout lieu comme un photographe amateur, donnant à ses clichés une sobriété qui détonne avec l’aspect exceptionnel de certains contextes dans lequel l’artiste revêt la casquette de photojournaliste.

C’est ainsi que l’on reçoit son reportage photo et vidéo en 1964 à Cuba. Voulant prendre le pouls du pays peu de temps après l’instauration de la république socialiste et communiste et de l’embargo américain, Elliott Erwitt réalise le portrait de Fidel Castro et de Che Guevara, vraisemblablement détendus, lors d’une dégustation de cigares. A ce sujet et sans doute sans prise de position politique, le photographe manifestera avec humour sa déception de ne pas avoir eu la possibilité de ramener avec lui aux États-Unis la caisse de cigare offerte par les deux révolutionnaires.

C’est sans doute de cette manière que l’on peut aisément concevoir l’œuvre d’Elliott Erwitt, celle d’un photographe qui essaye de se laisser porter par le vent. Ce flegme s’érige alors comme une véritable signature. Pas seulement la signature d’un génial personnage légèrement loufoque, mais aussi surtout d’une esthétique photographique aussi singulière que sa vision de la vie.

 

Image d’illustration : Elliott Erwitt en réflexion, Tropicana Hotel, Las Vegas, Nevada, États-Unis, 1957

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