Expos
Une nouvelle saison stimulante entre art et jardins à Chaumont-sur-Loire

Une nouvelle saison stimulante entre art et jardins à Chaumont-sur-Loire

09 May 2023 | PAR Laetitia Larralde

Le Domaine de Chaumont-sur-Loire est un Centre d’Arts et de Nature depuis 2008, et le printemps marque le début de la saison où cette double vocation s’exprime le mieux, avec la Saison d’art et le Festival International des Jardins.

Penser les jardins d’aujourd’hui

Cette année, le Festival International des Jardins a pour thème le jardin résilient. Face au changement climatique qui est de plus en plus palpable sous nos latitudes, penser l’adaptation de nos jardins à de nouvelles conditions environnementales est une nécessité. Comment faire face à la sécheresse et aux incendies, comment soigner et aider à résister, et comment préserver la biodiversité ? Vingt-quatre équipes (six cartes vertes et dix-huit sélectionnées par concours) nous proposent des solutions et des expérimentations dans des jardins qui combinent considérations horticoles et esthétiques.

L’eau est l’une des grandes problématiques que l’on retrouve dans de nombreux projets. Certains la collectent en détournant le zinc des toits parisiens ou les tuiles vernissées des toits chinois, d’autres la canalisent en s’inspirant des castors, ou encore mettent en place un écosystème de filtration vivante à base de plantes et de coquillages. La problématique de l’assèchement des berges des rivières est abordée à la fois par l’observation d’espèces résistantes comme la bardane et par les principes d’accumulation et de diversification des plantes de l’agriculture syntropique. Et si l’eau douce se raréfie, l’eau salée vient envahir certaines régions, nous poussant à nous tourner vers les plantes halophytes résistant à une forte salinité.

L’impact du changement climatique n’est pas un problème seulement pour la campagne. Les végétaux sont une solution efficace pour apporter de la fraîcheur aux villes en gardant l’humidité et en apportant de l’ombre, tout en favorisant la biodiversité. Comme le montrent certains jardins, les végétaux peuvent coloniser les environnements les plus hostiles tels que les fissures du béton ou les lieux ravagés par les incendies.

Nous pouvons cultiver de quoi nous nourrir, nous protéger et nous soigner, étudier les espèces qui savent le mieux s’acclimater tout en laissant le vivant suivre son propre chemin et s’adapter à ses nouvelles conditions de vie. Ainsi, plutôt que fuir, lutter ou renoncer devant les bouleversements que notre environnement va subir, suivons l’exemple des grenouilles qui ont vite colonisé les jardins du festival et adaptons-nous avec souplesse et délicatesse, en laissant plus de place au reste du vivant.

La saison d’art 2023

Comme chaque année, les quinze artistes de la Saison d’art se répartissent entre le château, les écuries, la ferme et le parc historique. Le seul thème imposé est la nature, qu’elle soit sujet, matière ou muse discrète accompagnant les peintures, dessins, gravures, sculptures et installations des artistes. La Saison s’articule autour de deux grandes expositions : Alechinsky à l’imprimerie et Fabrice Hyber, Sous la forêt, des vies.

Dans les galeries hautes du château, l’œuvre sur papier d’Alechinsky se déploie. Soixante-dix ans de gravures, dessins, lithographies et travail sur le livre nous démontrent l’attachement de l’artiste au papier et aux différentes techniques d’impression, pour lui qui a débuté sa carrière comme typographe et imprimeur. L’étonnante homogénéité de son travail est marquante tant dans son trait, ses motifs et ses compositions. Une incroyable matrice de cuivre vient souligner, s’il le fallait, la parfaite maîtrise technique de l’artiste, et on se laisse emporter dans les histoires qui fourmillent dans les cases de ses tirages, entre la bande dessinée et l’inventaire de motifs.

Fabrice Hyber a installé ses peintures dans la galerie basse du fenil et dans la cour Agnès Varda. Sa pensée se déploie entre végétal, minéral et humain sur ses toiles annotées de textes et schémas. Chacune est accompagnée d’un QR code qui renvoie à de courtes vidéos de l’artiste sur la chaîne Youtube du Domaine où il explique ses intentions. Fabrice Hyber a également réalisé une grande fresque in situ, devant laquelle le public est invité à s’asseoir et à discuter des questions que peuvent soulever les œuvres.

On retiendra également de cette édition les délicats végétaux dorés à la feuille d’or de Sophie Blanc, qui préservent les herbes et feuilles glanées pendant ses promenades dans un geste d’une précieuse légèreté. Dans les écuries, les accumulations de petits vases de céramique de Grégoire Scalabre nous entraînent au fond des océans, au contact des amphores antiques. Lee Ufan a quant à lui pensé une installation minimale dans la tour du roi, un mystérieux fil infini se reflétant à la surface d’un miroir horizontal. Cette année, cinq des artistes ont choisi de s’installer en extérieur, comme Christian Lapie et ses sculptures longilignes de bois noir, Bob Verschueren et ses nichoirs pour martinets ou encore Vladimir Zbynovsky avec ses blocs de verre posés sur de la roche au milieu du pédiluve, comme des morceaux de glacier à la dérive.

Pour compléter la saison, le Domaine a initié les Conversations sous l’arbre, une série de sept rencontres sur deux jours pour discuter et réfléchir autour de thèmes en lien avec le vivant avec des auteurs, philosophes, scientifiques, artistes et paysagistes, jusqu’à l’automne. Avec l’hôtel restaurant Le Bois des chambres ouvert en 2022, le Domaine de Chaumont-sur-Loire propose une offre de plus en plus complète, qui donnera envie de prolonger notre immersion entre art et nature.

Saison d’art 2023
Du 1er avril au 29 octobre 2023
Festival international des jardins – Jardin résilient
Du 25 avril au 05 novembre 2023
Domaine de Chaumont-sur-Loire

Visuels : 1- affiche / Galerie 1 : vues in situ du Festival International des Jardins, Domaine de Chaumont-su-Loire © Eric Sander : 2- Terre de feu / 3- Hortus spei, le jardin d’espoir / 4- La balance de Némésis / 5- Demain tout ira bien // Galerie 2 : 6- Case par case, 1980, eau-forte sur Chine, 172 x 90 cm © Alechinsky / 7- Fabrice Hyber, vue in situ © Eric Sander / 8- Sophie Blanc, vue in situ © Eric Sander / 9- Grégoire Scalabre, vue in situ © Eric Sander

“Copenhague” de Michael Frayn à la Reine blanche.
Focus sur Shaz, un musicien et producteur multifacette
Avatar photo
Laetitia Larralde
Architecte d'intérieur de formation, auteure de bande dessinée (Tambour battant, le Cri du Magouillat...)et fan absolue du Japon. Certains disent qu'un jour, je resterai là-bas... J'écris sur la bande dessinée, les expositions, et tout ce qui a trait au Japon. www.instagram.com/laetitiaillustration/

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration