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Pour sa nouvelle exposition, le musée du quai Branly aborde les coulisses de ses acquisitions !

Pour sa nouvelle exposition, le musée du quai Branly aborde les coulisses de ses acquisitions !

24 September 2019 | PAR Chloé Coppalle

“20 ans. Les acquisitions du musée du quai Branly – Jacques Chirac”  a ouvert le mardi 24 septembre au musée du quai Branly, et dure jusqu’au 26 janvier 2020. Organisée sous le commissariat de Yves Le Fur, directeur du département du patrimoine et des collections, et Emmanuel Kasarhérou, directeur adjoint de ce même département, l’exposition veut présenter les acquisitions du musée de 1998 à 2018, et en faire découvrir les coulisses.

La filiation avec les précédentes institutions

Pour les vingt ans du musée, l’exposition veut faire un point sur ses méthodes d’acquisitions. Le parcours commence par une frise chronologique présentant toutes les institutions ayant collectées et eut la gestion des objets extra-européens en France, depuis les cabinets de curiosités du XVIème siècle jusqu’au musée du quai Branly aujourd’hui. Sous chaque période est apposée l’image d’un objet conservé au quai Branly, avec l’historique de son acquisition. Toutes les provenances des objets exposés sont indiquées. Cependant, cette chronologie n’est plus vraiment abordée une fois le parcours démarré. L’exposition offre en réalité une présentation de ses collections, plutôt que l’angle des acquisitions. Le visiteur découvre ainsi les anciennes collections d’artistes, la collection des textiles, ou les créations contemporaines. Et c’est seulement à travers ces étapes que le sujet des acquisitions est soulevé par des vidéos laissant les conservateurs du musée parler de leur travail. Par exemple, la première salle de l’exposition explore le lien entre les artistes français du début du XXème siècle, et leur intérêt pour les œuvres extra-européennes. Sauf que ces objets ont été mis en lien avec les artistes par des marchands, comme par exemple Paul Guillaume, qui a lui même préalablement sélectionné des œuvres qui l’intéressait pour la vente, avec toute la subjectivité que cela implique. De même pour les cabinets de curiosités : qui les détenaient, dans quel but, quels objets étaient recherchés ? Les acquisitions d’hier ont façonnées les collections des musées d’aujourd’hui. Et cet aspect n’est que trop peu considéré par l’exposition.

Ainsi, dans la première vidéo de présentation, le directeur du musée, Stéphane Martin évoque les provenances des collections des musées ethnographiques comme l’ancien musée ethnographique du Trocadéro, se tenant de 1878 à 1935 avant l’actuel Palais de Chaillot. Selon lui, on retournait peu dans les anciens musées ethnographiques car ce type d’institutions donnait une image figée, et disparue des populations dont elles exposaient les collections. Surtout, elles donnaient un aspect isolé de ces créations artistiques. Pour le musée du quai Branly, il a donc été décidé de donner une place aux créations contemporaines, pour un musée « post-ethnographique » dynamique et dont les œuvres sont mises sur un pied d’égalité avec l’art occidental.

Les modalités d’acquisitions

Grâce à ces supports vidéos, on découvre les coulisses des différents départements : le budget, les mécénats, les dons, mais aussi la Commission d’acquisition, organisée tous les ans, qui explique par exemple ne jamais accepter un objet sans l’avoir vu. Une autre vidéo parle de la Convention de 1970 de l’UNESCO, qui oblige à vérifier si l’objet est en règle et non issu d’un marché illicite. Aujourd’hui, l’acquisition d’œuvres dans des pays étrangers est régie par des modalités internationales, ce qui n’existait pas au XVIème siècle. Comment ces législations se sont-elles mises en place, et à partir de quand ? Ces modalités auraient pu être largement développées, avec une explication des mises en places mondiales pour faire face au trafic, ou des mises en places administratives au sein même du musée. Lors de la visite guidée par exemple, Yves Le Fur expliqua que le quai Branly n’acquiert pas d’œuvres archéologiques à cause des nombreux faux qui circulent sur le marché, et qu’il est régulièrement contacté par les douanes pour savoir si tel lot est un vrai ou pas. Il est dommage que ce genre d’explications n’aient pas été plus approfondie. 

Autre aspect abordé durant l’exposition, celui des archives : dans la première partie du parcours sont exposées des archives exclusivement occidentales. Indispensables pour écrire le parcours des collections, elles jouent actuellement un rôle dans la question des restitutions notamment, pour tracer la provenance des objets. À la différence des précédentes institutions qui géraient les collections des arts extra-européens en France, le musée du quai Branly acquiert des archives étrangères, comme la revue sénégalaise Bingo, publiée de 1953 à 1983 à l’initiative de l’écrivain Ousmane Socé Diop, permettant ainsi un regard moins européocentré sur les œuvres, comme le souhaite Stéphane Martin.

 

En somme, les supports numériques permettent réellement de découvrir des métiers et les organisations internes  du musée, peu connus du grand public, et fournissent des informations intéressantes que les visiteurs pourront découvrir. Malgré un manque d’approfondissement du sujet, le choix de cette exposition reste audacieux, et a le mérite d’être soulevé.

Visuel : affiche

 

 

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Chloé Coppalle

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