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Les Extatiques 2023, les Hauts-de-Seine via le T2, de Brimborion à La Défense

Les Extatiques 2023, les Hauts-de-Seine via le T2, de Brimborion à La Défense

27 July 2023 | PAR Nicolas Villodre

Jusqu’au 1er octobre 2023, il est loisible de se rendre à la Seine musicale et/ou à La Défense pour mirer, admirer, sentir, ressentir, voir de près sinon toucher les œuvres de huit artistes, Joëlle Allet, Amélie Bertrand, Jérémy Gobé, Philip Haas, Cornelia Konrads, Julien Salaud, Bob Verschueren et Erwin Wurm, pour cette sixième édition des Extatiques, manifestation dont ce site a déjà eu l’occasion de traiter.

L’art au grand air en territoire alto-séquanais

Acte gratuit – ce qu’est ou devrait être l’art -, cette “promenade artistique à ciel ouvert” conçue par Fabrice Bousteau pour le compte du département des Hauts-de-Seine, est destinée à “rendre la culture accessible à tous” mais également à mettre en valeur deux sites a priori pas si simples que cela à animer ou à réanimer. Après l’intense industrialisation, l’urbanisation à tout crin, le bétonnage environnemental à courte vue et la soi disant “promotion” immobilière, le “naturel” chassé peut-il encore revenir au galop à Paris et en banlieue ?

Tandis que l’anecdotique Marsouin d’argent de Julien Salaud orne le toit végétalisé de la Seine musicale, l’installation visuelle et sonore de Bob Verschueren, Coda, matérialisée par une “épave de barque (…) échouée sur l’Île Seguin”, emplie de pots de terre cuite et diffusant en boucle le bruit des vagues, illustre à sa façon la devise de la Ville de Paris, Fluctuat nec mergitur. L’artiste enfonce le clou avec Tropisme (2023), au titre ambigu, de six barques chargées de branchage et de verdure amarrées au bassin Takis de Paris La Défense, contrariant la verticalité des lignes du sculpteur et des bâtiments alentour. Sur cette même place, avec Feu de faucon (2023), sculpture gonflable de grande envergure, Julien Salaud associe l’oiseau légendaire qu’est le Karrkanj au feu. 

Les quatre éléments

De l’eau, du feu, on passe à l’air. Avec un épouvantail géant vêtu d’un T-shirt, en aluminium intitulé Breeze (2023), trônant à La Défense, Erwin Wurm aborde légèrement, gaiement, cet élément et enjeu écolo. Hoody I (2023) lui permet de décliner, en bronze et en gris, la représentation hyper-réaliste du “vêtement identitaire de la street culture”. CorailArtefact CCA2, Cerveau de Neptune (2023) de Jérémy Gobé, igloo en forme de gyrus fait en béton maison (matière écolo inventée par l’artiste), posé place Agam, évoque la disparition des coraux et, par sa rondeur, contraste avec la raideur de l’Arche de Johan Otto von Spreckelsen.

Urban Wildlife de Cornelia Konrads, un groupe de bancs haut perchés, joue sur la notion d’instabilité. Plus Art déco qu’éco-responsable pourra paraître The Elemental Fingers, la représentation numérique d’Amélie Bertrand à base d’images d’enseignes de “nail art”. Les 22 modules écologiques ou Témoins CCA2 de l’Anthropocène de Jérémy Gobé, rappellent les objets mathématiques de Man Ray qui admirait l’élémentarisme volumétrique du cube, de la pyramide et de la sphère de l’Institut Poincaré. Sur les deux sites nous accueillent ironiquement et écologiquement quatre colosses végétaliens démarqués des tableaux pré-écolos de Giuseppe Arcimboldo hantant depuis 2012 Philip Haas, Les Quatre saisons, à base de plus de cinq fruits et légumes qui nous sont par jour nécessaires.

Visuel : Philip Haas, Les Quatre saisons, L’Été. Photo : Nicolas Villodre.

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