Kati Horna, parcours d’une exilée juive hongroise du 20ème siècle au Jeu de Paume
Exil et photo d’avant-garde sont à l’honneur au Jeu de Paume. Encore une redécouverte, dans la série des grandes rétrospectives, qui nous ont déjà permis de redécouvrir pas mal de grandes femmes photographes comme Lee Miller ou Laure Albin Guillot, d’exilés austro-hongrois comme André Kertesz ou Erwin Blumenfeld, et de femme exilée austro-hongroises comme Eva Besnyö,
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Née en 1912 à Budapest, Kati Horna est juive, hongroise, exilée, qui a fait ses classes à Berlin et Paris, côtoyé son compatriote Capa et rencontré son mari pendant la guerre d’Espagne, avant de terminer sa vie au Mexique, terre d’adoption où elle a enseigné son art jusqu’à sa mort en 2000.
La rétrospective du Jeu de Paume propose une grille de lecture chronologique de son oeuvre, où on la suit un peu en Hongrie et en Allemagne (où elle côtoie Brecht), puis à Paris à partir de 1933 où elle juxtapose séries classiques (cafés, marchés…) et originaux clichés d’œufs peints qui la nourrissent et font penser aux films d’animation de l’époque. Influencée par les avant-garde de son temps, elle confère déjà à certains clichés une inquiétante étrangeté rêveuse et surréaliste.
Sur le front d’Espagne, pendant la Guerre civile, elle côtoie Capa, Chim et Gerda Taro. Elle saisit le quotidien des soldats et des civiles, dans des séries qui lui assurent aujourd’hui une renommée internationale. Elle y rencontre son mari, José Horna avec qui ils signent des collages à 4 mains.
Une fois au Mexique, son travail continue à osciller entre surréalisme (la dérangeante série Oda a la necrofilia de 1962 où un masque en plâtre sur l’oreiller d’un lit exerce une fascinante attraction) et la prise de pouls assez naturaliste de réalités sociales (sa série sur l’hôpital psychiatrique de la Castaneda en 1944 est probablement la plus émouvantes de ses œuvres).
Encore une fois, le Jeu de Paume nous convie à voir ou revoir les œuvres d’une immense photographe qui a dû changer 5 fois de pays. Seul bémol : l’approche chronologique laisse un peu sur sa faim. Et ne donne pas d’approche incisive dans l’oeuvre riche et plurielle de Kati Horna.
A noter : les 7 & 8 juin, pour fêter ses dix ans, le Jeu de Paume ouvre ses portes gratuitement. L’occasion d’aller découvrir le travail de Kati Horta.
photo : Subida a la Catedral, guerre civile espagnole, Barcelone, 1938, Trace gélatino-argentique, 22.2 x 16.6 cm, Archivo Privado de Fotografia y Grafica Kati y Jose Horna © 2005 Ana Maria Norah Horna y Fernandez
Infos pratiques
2 thoughts on “Kati Horna, parcours d’une exilée juive hongroise du 20ème siècle au Jeu de Paume”
Commentaire(s)
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Gotheil Annie
Ai-je mal lu les indications sur la vie et l’œuvre de Kati Horna au Jeu de Paume? Je n’ai vu nulle part qu’elle était juive même si cela était sous-entendu par le fait qu’elle a dû quitter sa Hongrie natale, l’Allemagne nazie, Paris puis l’Espagne. Quelqu’un pourra-t-il me contredire?
J’ai cependant aimé l’exposition, la présentation, l’encadrement des œuvres. La chronologie est un choix qui permet de mieux ressentir l’influence de l’histoire sur la manière de photographier.
yael
Bonjour Annie,
je ne retrouve pas le dossier de presse mais je pense que l’info y était et en vérifiant je retrouve qu’elle est boen née dans une famille de banquiers juifs
il est vrai qu’à part l’exil ca ne joue pas un role majeur dans son oeuvre, mais comme le jeu de paume en a fait toute une série de photographes juifs exilés de la même époque je l’ai spécifié
et je suis d’accord avec vous : c’est une belle exposition à la fois classique, bien contextualisée et élégante