Expos

Bercer la matrice : rendre aux sols toute leur richesse

03 March 2021 | PAR Pauline Lisowski

Les sols, dans toutes leur diversité de matières et leurs qualités nourricières inspirent Caroline Le Mehauté, Anne Fischer (artiste-designer) et Hugo Deverchère. Au centre d’art contemporain La Traverse d’Alfortville, « Bercer la matrice » nous invite à sonder les terres, matières organiques dont nous devons urgemment prendre soin. Les artistes nous mènent vers des temps lointains, passés, nous conduisent à regarder autrement notre environnement et imaginent des solutions aux problématiques de pollution des sols.

Les oeuvres

Pour Hugo Deverchère, il n’est pas nécessaire d’aller chercher ailleurs ce dont nous avons déjà près de nous. Au mur, son ensemble de cyanotypes dévoile une roche grossie, faussement grande pour mieux l’observer. L’artiste nous convie à modifier notre attention aux éléments qui habitent nos terres.

Caroline Le Méhauté utilise une tourbe de 15000 ans d’âge, un substrat qu’elle a recueilli pour composer une frise chronologique. Son installation Négociation 30 – Timon et Timon exprime elle, une connexion de la terre au ciel. Le bleu à l’intérieur de ces formes ouvertes, telle une machine pour tracter la terre, entre en écho subtile avec l’œuvre murale.
Plus loin, son installation in situ Décision sourde nous laisse imaginer le résultat d’un phénomène naturel. Qui prend les décisions concernant les enjeux de notre planète ? La terre reprendrait-elle ses droits ? Cette œuvre en fibre de coco nous fait songer à un futur possible.

Ouvrir notre regard sur d’autres terres et espaces de vie, tel est l’enjeu des œuvres d’Hugo Deverchère. Sa vidéo Cosmorama nous montre un observatoire filmé selon un point de vue qui en transforme notre perception. Les repères spatiaux sont bouleversés et nous pouvons rêver à une vie sur une autre planète.

Une salle est consacrée au projet Blooming groung d’Anne Fischer, qui s’intéresse à la phytoremédiation et a créé une plateforme en libre accès pour découvrir les plantes dépolluantes. Ses expérimentations à partir de deux herbacées dites « hyperaccumulatrices » l’amènent à créer des échantillons d’émaux pour la création de poteries et de céramiques.

Les artistes passeurs de possibles

Cette exposition sensible, engagée, fait remonter à la surface une époque lointaine et nous conduit à espérer une ère plus respectueuse de la biodiversité. Par le biais des sols, les œuvres nous mènent dans des terrains inconnus, révèlent l’invisible, le sous-terrain, des recherches scientifiques et des explorations. Les artistes se font passeurs de possibles, de nouvelles manières d’envisager les sols, répondent aux enjeux liés à l’écologie et tentent de proposer des réponses aux crises climatiques qui bouleversent nos ressources naturelles.

Visible uniquement sur rendez-vous pour les professionnels, « Bercer la matrice » participe d’un courant d’événements artistiques et d’expositions qui sollicitent notre conscience de citoyen, nous impliquant dans nos manières de vivre tout en nous incitant à nous connecter au vivant.
visuel : (c) Maurine Tric

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Pauline Lisowski

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