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A la Verrière de Bruxelles, Anne Marie Laureys fait souffler sa “Bise”

A la Verrière de Bruxelles, Anne Marie Laureys fait souffler sa “Bise”

03 June 2023 | PAR Amelie Blaustein Niddam

La Verrière est un écrin qui se trouve au bout de la très belle boutique Hermès de Bruxelles. Ce lieu lumineux nous invite jusqu’au 29 juillet à découvrir les sculptures post-modernes et poétiques d’Anne Marie Laureys.

Anne Marie Laureys travaille selon les méthodes ancestrales de la poterie. Mais ça, on ne le comprend qu’après, qu’en discutant avec les médiateurs de la Verrière. Ce qui surgit en premier, c’est la sensation d’être face à un mix de connu et d’inconnu. Comme dans un musée exposant les ruines du XXIe siècle, vingt-cinq sculptures sont posées en cercle sur des socles tous différents. Cette agora est surplombée d’une fresque de peintures d’Amélie Lucas-Gary qui correspond aux couleurs des rondes-bosses. Comme si ces peintures étaient les archives de ce qu’étaient les couleurs de ces oeuvres sur promontoires. Car les couleurs d’Anne Marie Laureys ne sont pas nommables. Elles sont un peu bleues, orange, violettes… mais rien de clairement défini. C’est comme ci ces couleurs était passées. La texture des oeuvres semble évanescente, on a la sensation que si on les touchait, nos doigts passeraient au travers. Les formes sont en mouvement, pleines de trous, de rondeurs, d’angles. Là encore, c’est étrange et fascinant.

Toutes les pièces sont d’une beauté rare qui subjugue puis interroge. Nous apprenons donc que cette artiste est belge et qu’elle travaille la terre, le grès, dans une démarche de proximité chère à Joël Riff, le nouveau commissaire de la Verrière. Dans sa direction il souhaite présenter plus d’artistes locaux dans des expositions personnelles. Cela donne au lieu un aspect de rareté et d’exception encore plus fort que précédemment.

C’est la matière qui décide

Les pièces présentées sont presque dansées. L’artiste tourne des formes sans les sculpter, c’est la matière qui décide. La couleur elle est un long processus qui nécessite douze cuissons successives. Cela explique pourquoi ce travail nous semble si éloigné de ce que l’on connait. On apprend qu’il s’agit d’un mélange d’engobe et d’émail.

Le fil directeur de cette exposition est le chemin en aller-retour permanent qui va de l’artisanat à l’art, de la figuration à l’abstraction. Comme un rappel des fondations, Joël Riff expose en contrepoint des poteries d’Anne Marie Laureys plus massives et Les âmes du purgatoire, un “petit” Rodin appartenant à la collection Emile Hermès où dans une etreinte les formes se mélangent elles aussi.

A la Verrière jusqu’au 29 juillet, entrée libre et gratuite. Bd de Waterloo 50, 1000 Bruxelles

Visuel : vue de l’exposition Anne Marie Laureys, «Bise». La Verriere (Bruxelles), 2023© Isabelle Arthuis / Fondation entreprise Hermès

 
 
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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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