Arts
Dans l’intimité de Frida Kahlo au Palais Galliera

Dans l’intimité de Frida Kahlo au Palais Galliera

12 September 2022 | PAR Adam Defalvard

Du 15 septembre au 5 février, l’exposition “Frida Kahlo : Au-delà des apparences” nous invite à découvrir autrement cette grande artiste du XXe siècle à travers plus de 200 objets provenant de la maison où Frida Kahlo est née et a grandi, la Casa Azul. 

De l’autre côté du miroir

Les premières salles rappellent la vie mouvementée de Frida Kahlo, on y voit notamment des dessins et des photos d’enfance. La vie de l’artiste fut traversée par la douleur, entre sa maladie, son accident puis sa fausse couche qui lui coûtera presque la vie. Cette douleur va jouer un rôle crucial dans la construction de son identité et de son art. 

Elle contracte à 6 ans la poliomyélite, et pour y faire face elle s’invente une amie imaginaire. C’est là que naît la deuxième Frida, son double. A l’entrée du premier couloir de l’exposition se tient d’ailleurs un grand miroir en pied devant lequel on passe, plus loin on apprend que sa maison de la Casa Azul en était remplie. Toujours autour du même thème, un portrait d’elle de Lola Álvarez Bravo la montre face à un miroir dans son patio. La photographe raconte : “J’ai presque pensé à son tableau Les deux Fridas lorsque je l’ai photographiée. Avec le paysage derrière elle dans le reflet, on dirait vraiment qu’il y a une autre personne derrière le miroir.”

Frida Kahlo joue avec son apparence et la maîtrise. Dans la dernière salle, on apprend qu’un des points de départ de l’exposition est un dessin de l’artiste, vu dans une salle précédente, intitulé Les apparences sont trompeuses. Frida Kahlo s’y est représentée en costume traditionnel, mais sous ce costume transparent on voit sa colonne vertébrale brisée, maintenue par un corset. En effet à 18 ans, Frida Kahlo est victime d’un grave accident qui l’obligera à porter des corsets médicaux pour sa colonne vertébrale. Elle commence à peindre alitée à l’hôpital et déclarera : “Je me peins moi-même parce que je suis si souvent seule”, un double peint qui lui tient compagnie.

Ce qu’il reste d’une vie

Tout de suite, la vue des corsets de Frida Kahlo impressionne. Des corsets peints qui dévoilent sa volonté de trouver du sens dans sa douleur, grâce à l’art et à la construction d’une identité reflétée par son apparence physique. C’est à 20 ans qu’elle adopte les tenues traditionnelles mexicaines qu’elle ne quittera plus. Elle s’inspire particulièrement de la culture matriarcale de Tehuantepec à laquelle elle s’identifie.

Dans la même salle, des portraits photos en couleur montrent toute la créativité déployée par l’artiste dans la concoction de son apparence. On peut la voir notamment avec des boucles d’oreille en forme de mains, offertes par Pablo Picasso. Dans la salle sont exposés aussi des tenues, des parfums, du maquillage et des bijoux qui lui appartenaient. Tous ces objets sont présentés ici comme les témoins d’une vie. 

Une magnifique vidéo courte, attribuée à Lola Álvarez Bravo, montre Frida Kahlo entrain de lire son journal intime. Ces quelques secondes d’intimité produisent un effet presque hypnotisant. C’est d’ailleurs une caractéristique qu’on pourrait attribuer à l’ensemble de l’exposition, plongée dans les salles sombres du Palais Galliera.

Influence sur la création contemporaine

La dernière partie de l’exposition (présentée elle jusqu’au 31 décembre) dévoile l’influence de Frida Kahlo sur les créateurs de mode contemporains. Entre autres, une robe corset de Jean Paul Gaultier, des créations en dentelle de Riccardo Tisci, et encore d’autres corsets signés Alexander McQueen. Ces pièces magnifiques explorent l’univers de l’artiste et témoignent de son influence immense qui continue de perdurer. Une influence majeure alors qu’elle n’a eu que deux expositions dans des galeries de son vivant.

Au Palais Galliera on a réellement l’impression d’apprendre à connaître Frida Kahlo au plus proche, une exposition émouvante qui impressionne à bien des niveaux. 

 

Visuels : Photos de l’exposition et de l’affiche de l’exposition. Adam Defalvard.

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Adam Defalvard

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