Danse
Podium : “un temps fort pour la danse, une fête même”, rencontre avec Marie Roche, Josefa Gallardo et Erell Mescoet

Podium : “un temps fort pour la danse, une fête même”, rencontre avec Marie Roche, Josefa Gallardo et Erell Mescoet

04 October 2021 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Marie Roche dirige Le Pacifique CDCN, Joséfa Gallardo, La RéPAC La Rampe La Ponatière et  Erell Melscoët est la directrice adjointe du  CCN2. Ces trois structures se sont alliées pour organiser le concours de danse Podium qui se tient les 19 et 20 novembre à La Rampe à Échirolles.

Donc, vous êtes trois structures, réunies, pour organiser ce concours. Comment s’est passée la construction de ce trio : Le Pacifique, La RéPAC La Rampe-La Ponatière et le CCN2 ?

La version antérieure du concours, alors nommé (re)connaissance était portée par Le Pacifique et les dernières éditions se sont principalement déroulées à la Rampe. En 2016, il y a eu des changements de direction au Pacifique, au CCN, puis fin 2018 à La Rampe La Ponatière.

Ce partenariat était une évidence pour renforcer nos complémentarités, entre une scène conventionnée d’intérêt national Art et création tournée vers la danse, dotée d’un beau plateau, et un CDCN qui en assurait l’organisation. À partir de 2016, le CCN a souhaité s’investir de manière plus importante à nos côtés dans la réalisation de la nouvelle formule du concours afin que ce rendez-vous chorégraphique important dans la métropole soit porté par trois labels associés à la danse présents sur le territoire. Et puis, l’union fait la force…

Quelle est la place de chaque lieu ?

Le CDCN Le Pacifique est producteur délégué du concours Podium. Il anime le réseau, organise la sélection et assure les relations avec les compagnies et les professionnel·le·s. La RéPAC La Rampe La Ponatière est en co-réalisation financière et technique sur l’accueil des deux journées du concours et en fait la promotion auprès des publics. Le CCN2 intervient en soutien, notamment cette année en prenant en charge l’organisation d’un temps de rencontre professionnelle et une proposition artistique pour les espaces publics de La Rampe.

Podium est un concours de danse. Est-ce qu’il s’adresse uniquement aux professionnel·le·s ?

Absolument pas ! C’est certes un événement incontournable pour les professionnel·le·s qui peuvent découvrir 12 propositions sur 2 soirées, mais c’est également un temps fort pour la danse, une fête même, pour les habitant·e·s de la métropole grenobloise. Le fait que les spectateur·trice·s votent pour leur spectacle préféré crée une vraie émulation. La participation du public est forte, conviviale, joyeuse. C’est même un public assez familial et très diversifié. La juxtaposition d’extraits d’esthétiques différentes offre des comparaisons, stimule les conversations et le jugement critique. Des personnes ont découvert la danse avec ce concours et sont devenues depuis des spectateur·trice·s assidu·e·s.

Comment sélectionnez-vous les participants ? Quels sont les critères ?

Ce sont les 17 partenaires qui opèrent la sélection. Chacun·e fait une ou plusieurs propositions de pièces dont il·elle est persuadé·e qu’elles ont un fort potentiel mais n’ont pas été assez visibles par les professionnel·le·s et les publics. Pour cette édition, évidemment ces critères ont pris un autre relief en considérant toutes ces créations qui n’ont pas pu avoir lieu pendant ces deux saisons perturbées par la pandémie. L’ensemble du réseau s’est mobilisé pour proposer des pièces qui n’ont pas été vues ou dont les tournées ont été annulées. Nous avons reçu une quarantaine de propositions (contre 30 les éditions précédentes). Nous nous sommes réunis début avril pour procéder à la sélection par vote en tenant compte également de la parité.

Qui dit concours, dit gain ! Que gagnent les vainqueurs ? Cette question peut se résumer de la sorte : Quel est l’objectif de ce concours ?

Les vainqueurs gagnent des représentations dans la tournée Podium qui a lieu la saison suivante. L’objectif du concours Podium est de prendre sa part, voir un peu plus, en faveur d’une dynamique de la diffusion de la danse contemporaine et d’une logique de coopération territoriale vertueuse en terme de bilan carbone. Concrètement, les partenaires ainsi que des théâtres voisins, accueilleront au minimum un des quatre lauréats du concours pour au minimum une représentation la saison suivante. Nous encourageons ainsi des tournées sur des mêmes périmètres géographiques, permettant à chacun de profiter des avantages financiers d’une tournée. À titre d’exemple, la tournée de la précédente édition aurait dû permettre 26 représentations réparties sur 4 lauréats chez les partenaires et huit théâtres voisins. À savoir que tous les nouveaux voisins sont les bienvenus et que nous espérons que le nombre de date pour cette prochaine tournée soit exponentiel !

Que sont devenus les projets repérés lors de la dernière édition ?

Le concours n’avait pas lieu l’année dernière puisqu’il est en rythme biennal. Par contre c’est une grande partie des 26 représentations qui a été annulée. Il n’y a pas eu de traitement particulier. Chaque théâtre a fait comme il a pu, entre maintien, report ou annulation en fonction de ses possibilités.

Comment percevez-vous le traitement de la danse en France ? Pourquoi les pièces ne se donnent que 2 à 3 soirs par programmation quand le théâtre, même public, peut jouer parfois 3 semaines, parfois plus, comme à l’Odéon ?

La problématique est différente entre les grandes villes où les séries sont davantage possibles et les villes de taille moyenne. Mais cela n’explique pas tout bien entendu. Les programmateur·trice·s ont aussi des contraintes très fortes qui peuvent déterminer leurs choix : la nécessité de développer des ressources propres, ce qui revient à accorder une attention particulière au taux de fréquentation dans les choix de programmations et donc de minimiser la prise de risque à cet endroit.

La danse contemporaine souffre d’un certain nombre d’à priori : la frilosité de certain·e·s programmateur·trice·s qui pensent que ces créations ne vont pas trouver leur public et le public qui peut imaginer souvent à tord que la danse contemporaine n’est pas accessible. Mais ces à priori ont sans doute des origines culturelles. Le rapport aux corps dans notre société est très différent de notre rapport au texte, au théâtre. Il suffit de voir la place du texte dans notre éducation, notre patrimoine. On aborde le théâtre dès l’école. Notre rapport à la narration est très fort. Les à priori de genre également, la danse ce n’est pas pour les garçons, etc… Il y a sans doute des besoins de formations à mettre en place à différents endroits (université, école, associations, formateurs…) pour accompagner au mieux les différents publics et les inciter à oser entrer et découvrir toute l’étendue des propositions de danse aujourd’hui.

La diversité des propositions en danse contemporaine n’est sans doute pas suffisamment prise en compte. Néanmoins ce que l’on peut dire et l’édition Podium est là pour en témoigner : Si on se penche sur les multiples spectacles qui prennent vie sur scène on se rend compte que la variété des formats et des esthétiques en danse contemporaine permettent de toucher différents publics.

Quel peut être le rôle de Podium dans une plus grande visibilité des danses contemporaines ?

Cette diversité des esthétiques, ce foisonnement avec 12 extraits proposés sur 2 soirées constituent une véritable découverte de la danse contemporaine et en démontrent toute la richesse. Podium s’adresse également aux profesionnel·le·s en les incitant à programmer des spectacles de danse et à développer des pratiques vertueuses à travers des dynamiques de tournées territoriales, qui ont en plus l’avantage de faire baisser les coûts (et par la même occasion le bilan carbone).

 

Visuel : © Podium

 

L’agenda culturel de la semaine du 4 octobre
A pink story, manuel-manifeste d’Histoire queer
Avatar photo
Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration