
Dernière séance pour Régifilm
Rentrer dans un décor de cinéma et être transporté sur un cheval à bascule d’une sellerie à une station de métro des années 60 : voyage magique et anachronique ? Malheureusement non ! A l’heure ou le professionnel de l’accessoire de cinéma Regifilm vend ses fonds aux enchères, le 7ème art semble vivre un moment terriblement actuel et tragique.
L’action se passe rue Amelot, dans le 11ème, un complexe 1970 ruine l’architecture de la rue, mais c’est ce que cache la grille en métal à côté qui soulève le cœur, l’entrée de Regifilm. Tout doit disparaître ! Plus d’un demi-siècle de l’histoire du cinéma livrée en pâture pendant trois jours d’enchères. Comme deux autres entreprises cette année, l’entreprise familiale de location de décors ouvre ses portes avant de baisser le rideau.
Véritable caverne d’Ali Baba pour tous les amoureux du cinéma et de l’histoire contemporaine, cette vente offre à chacun la possibilité d’acquérir des pièces uniques telles que des bancs parisiens sur lesquels des répliques célèbres ont été prononcées ou d’incroyables lustres en verre de Murano, des lanternes, publiphones, guillotines et enseignes et bibelots de toute sorte. De quoi donner un cachet très particulier à sa maison de campagne ou une touche vintage à un intérieur parisien cossu…
Mais c’est aussi et surtout un symbole qui disparaît. Un nouveau pan de l’économie qui périclite. Parisien de naissance ou touriste de passage, les yeux s’illuminent à la vue de panneaux de métro et de fontaines Wallace en résine, dont l’estimation se situait entre 1200 et 1500€. « Je les vendais tous 2400 €, il y en a déjà pour 850€ de résine, on en a fait douze avec le moule puis il a été détruit, il y en a encore cinq, une est encore en location et il y a les quatre-là à vendre ! » Mais les yeux brillent de tristesse en entendant cette phrase.
Paris, ville lumière à l’architecture magique, la France, pays à l’extraordinaire variété de décors. Tout ça ne sera bientôt plus que souvenir, et nous regarderons avec émotion les films du précédent millénaire sur des Blu-Ray en version remasterisée, alors que les nouveaux blogckusters seront tournés dans des décors recréés à 10.000 km de là, ou simplement en 3D virtuelle.
Ce n’est pas forcément être réac, mais juste un peu nostalgique en se demandant pourquoi l’exception à la française est purement et simplement en train de disparaître. Enfin la question se pose : participer à cette vente est-ce faire vivre le cinéma et son histoire ou n’être qu’un designer charognard ?
Visuels et textes : Pascal Gauzes
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One thought on “Dernière séance pour Régifilm”
Commentaire(s)
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Vincent
Que cet article est bien écrit…
Bravo