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Miss.Tic, La Femme coupée en deux n’est plus

Miss.Tic, La Femme coupée en deux n’est plus

22 May 2022 | PAR Nicolas Villodre

C’est sur le compte Instagram de la célèbre street-artiste que la triste nouvelle est tombée. La reine des pochoirs, Miss.Tic est morte aujourd’hui, 22 mai. Elle avait 66 ans. 

 
 
 
 
 
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Calembredaines

Dans les années 80 sont apparues sur les murs de certains quartiers populaires parisiens les images en noir et blanc de la pionnière Miss.Tic. Le pseudonyme de la jeune Parigote dont les débuts poissards font penser à ceux de la môme Piaf (ou à ceux de l’autre Miss, originaire d’Enghien-les-Bains : Mistinguett) est un calembour facile, qui prend pour origine le nom d’un personnage de Disney des comics de la bande à Picsou. Calembour facile, comme ses titres ou les phylactères de ses personnages. Mais ceux d’un Duchamp l’étaient-ils moins ?

Nous avions relevé quelques-uns de ses textes à l’époque : «Défense d’afficher, loi de 1901, Interdit d’interdire, Après des histoires à dormir debout, des histoires à coucher dehors, J’aime les hommes avec étonnement, L’homme est le passé de la femme, Permis de se reconstruire, J’ai tant aimé rêver, De père en pire, Fais de moi ce que je veux, La fille coupée en deux ».

Encre de Chine

Ses pochoirs sont reconnaissables entre tous quoique formats, supports et techniques diffèrent. Les motifs sont, il est vrai, un peu toujours les mêmes : des pin-up brunes auxquelles l’artiste a été tentée de s’identifier. Un aphorisme, façon Ben, un vers, une légende, une remarque, une morale. Et, bien entendu, la signature de l’artiste : miss point tic. Et non point com. L’exposition de la galerie Guillon-Laffaille, avenue de Messine, vue en 2008, déclinait deux séries distinctes : l’une, BCBG, popularisée par les affiches 4 x 3 du film de Chabrol La Fille coupée en deux, à base d’acrylique noire sur fonds gris et roses ; l’autre, plus sale et intéressante, esthétiquement parlant, sur plaques de tôle rouillées, rivetées, boulonnées, contrecollées sur bois, avec des motifs jaunes sur fond doré ou oxydé, rappelant les « Piss Paintings » de Warhol.

L’art de Miss.Tic, art de la reproduction, certes, mais à l’échelle artisanale, est (très) appliqué. Dans tous les sens du terme. Il rejoint celui des BD, nous l’avons compris. En particulier des virtuoses de l’encre de Chine comme Milton Caniff. Le lettrage de l’artiste est unique : ses inscriptions sont lisibles d’assez loin, pochées et ombrées en lettres majuscules, fines et de plus en plus aiguisées. Elles ont parfois nécessité deux couches de peinture. L’imagerie est celle des magazines de mode. Sauf que toutes ces filles n’en font qu’une, idéelle ou idéale, une jolie brune en robe sexy Agnès B., toujours décolletée, portant des cheveux très longs et en ordre de bataille.

La date de ses funérailles n’est pas encore connue. Elles seront, selon ses souhaits, ouvertes au public.

Visuel : Miss.Tic prise à l’improviste photographiant la vitrine de la galerie Guillon-Laffaille © Nicolas Villodre, 2008.

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