
Le réalisateur Paul Schrader reçoit le Lion d’or d’honneur de la Mostra
Paul Schrader, réalisateur et scénariste américain de 75 ans, reçoit le Lion d’or de la Mostra de Venise pour sa carrière. Cette récompense prestigieux témoigne de l’influence qu’il a eue sur le cinéma américain depuis les années 1960.
Le Lion d’or d’honneur pour la carrière
Le Lion d’or d’honneur est une récompense prestigieuse attribuée chaque année par la Mostra de Venise à une ou plusieurs personnalités du cinéma. Il témoigne de la reconnaissance d’un parcours émérite. Paul Schrader rejoint ainsi les rangs de Luis Buñuel (le premier titulaire de ce prix en 1949), Robert Bresson (1989), plus récemment Clint Eastwood (2000), Éric Rohmer (2001), David Lynch (2006) et de nombreux autres cinéastes.
Il s’agit d’un prix spécial qui est à distinguer du Lion d’or pour le meilleur film. Celui-ci fait l’objet d’une délibération au cours du festival sur les films présentés. Le dernier film de Paul Schrader, The Card Counter, sorti en 2021, fait partie de la sélection. Mais c’est avant tout au nom de son influence dans l’histoire du cinéma qu’Alberto Barbera, le directeur du festival, a tenu à le récompenser.
Parcours du scénariste
Paul Schrader est né en 1946 dans le Michigan. Interdit durant toute son enfance de se rendre au cinéma, il assiste à sa première projection à 18 ans. Il décide alors de se lancer dans des études d’arts et de cinéma, puis débute sa carrière en tant que critique. Dans sa jeunesse, il s’intéresse d’abord aux films sur les Yakuzas (membres de la mafia japonaise). L’un de ses premiers scénarios, The Yakuza, comprend de nombreuses scènes d’arts martiaux. Il l’écrit avec son frère, le scénariste et réalisateur Leonard Schrader, et c’est le premier qu’il parvient à faire réaliser avec Sydney Pollack.
Dès 1976, fort de la notoriété que lui a permis d’acquérir The Yakuza, il travaille avec Martin Scorsese sur Taxi Driver. Il écrira pour lui trois autres scénarios : celui de Raging Bull (1980), La Dernière Tentation du Christ (1988) et À tombeau ouvert (1999). De manière générale, les réalisateurs pour qui il travaille (Spielberg, De Palma, Flynn…) ont un style percutant et abordent des réalités brutes, voire parallèles.
Réalisateur pendant le mouvement du Nouvel Hollywood
En tant que réalisateur, Paul Schrader débute en 1978 avec Blue Collar. C’est encore aujourd’hui son film le plus populaire d’après le classement d’Allociné. Le scénario oppose la classe ouvrière et le pouvoir corrompu. Dans la Féline, en 1982, il aborde les thèmes de l’inceste, de la prostitution, de l’animalité et du meurtre. En 1985, il réalise Mishima, co-écrit avec son frère. Cette fois-ci le sujet porte sur le suicide.
Les tabous qu’il explore, autour de la corruption, la sexualité et la violence, s’intègrent dans le mouvement cinématographique du Nouvel Hollywood. Il s’agit en effet d’un grand renouvellement artistique du cinéma américain à partir des années 1960. Les sujets abordés et les styles de narration font preuve d’une grande radicalité. L’influence de Paul Schrader dans ce mouvement a été décisive et le Lion d’or pour la carrière lui rend honneur.
Paul Schrader aujourd’hui
Scénariste pour 11 réalisations et lui-même réalisateur de 22 films, Paul Schrader est également titulaire de l’oscar du meilleur scénario original avec Sur le chemin de la rédemption (2017). Le dernier film qu’il a réalisé, The Card Counter (2021), a été sélectionné par la Mostra de Venise. Prochainement doit sortir le drame et thriller Master Gardener, dont il est également le scénariste. Le sujet porte sur le passé d’un horticulteur, Narvel Roth, qui sera interprété par Joel Edgerton.
Visuel : Paul Schrader © Frank Schramm.