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La galeriste Suzanne Tarasieve décède à l’âge de 73 ans

La galeriste Suzanne Tarasieve décède à l’âge de 73 ans

29 December 2022 | PAR Camille Curnier

Femme de caractère au look décalé et figure singulière du monde de l’art, la galeriste Suzanne Tarasieve s’est éteinte ce mardi 27 décembre à l’âge de 73 ans.

Une femme haute en couleur

Encore une triste nouvelle pour le monde de la culture, qui voit s’envoler une autre âme en cette fin d’année. Suzanne Tarasieve ou simplement “Suzanne” pour les nombreux·ses artistes et fidèles qui la côtoyaient, décrochait quelque peu du look monochrome et traditionnel que l’on prête aujourd’hui aux galeristes. Une pêche infernale pour un style déjanté affirmé, Suzanne s’est donné pendant de longues années à voir l’art contemporain avec une énergie débordante. Une femme de caractère qui a marqué la scène de l’art à Paris tant par sa passion de la découverte de nouveaux talents que par sa volonté de proposer des programmes d’expositions internationaux.

Après s’être essayée à la peinture, elle décide de fonder sa première galerie en 1978 dans le petit village de Barbizon situé en Seine-et-Marne. Elle y consacrera une majeure partie de ses expositions aux grand·e·s précurseur·euse·s comme Jean-Pierre Pincemin ou encore Christian Bonnefoi. Le Tout-Paris défilera à tour de rôle pour y découvrir cette peinture aux airs nouveaux et au parfum avant-gardiste. Vinyle noir moulant et bottes en cuir, Suzanne représentait pour beaucoup la flamme passionnelle d’un art rock’n’roll et décoiffant tout comme elle. Un feu sacré qui ne tarissait pas, malgré le cancer qui la rongeait. Sous son regard, l’art devient sensitif et l’envie se livre à la liberté plutôt qu’à la retenue. Elle aimait d’ailleurs rappeler que l’art venait des grottes et qu’il ne fallait pas l’enfermer dans une vision consensuelle trop souvent manifestée par ses confrères et consœurs galeristes.

Au-delà de l’horizon, la découverte

Depuis l’ouverture de sa première galerie, Suzanne Tarasieve ne s’est jamais essoufflée. Tantôt vêtue d’un imprimé léopard et tantôt d’un iconique blouson rouge en fourrure, Suzanne vagabondait entre ateliers d’artistes et foires d’art tant en France qu’à l’étranger. Après Barbizon, il faudra attendre vingt-cinq ans pour la voir s’installer dans la capitale, rue du Chevaleret dans le 13e arrondissement. En 2011, elle déménage sa galerie principale dans le Marais pour s’installer définitivement. Toujours dans une idée de renouveau, elle poursuit un objectif de représenter des artistes émergent·e·s et établis en parallèle un programme d’exposition internationale, abordant les grandes transformations historiques du 20e et 21e siècle.

Il y eut également le Loft 19, qu’elle développa dès 2008 simultanément avec son atelier principal. Une rêverie architecturale où Suzanne proposait des expositions temporaires et soutenait dans un même temps un programme de résidence pour ses artistes étranger·ère·s. L’association entre le Loft 19 et la galerie du Marais permettait à Suzanne Tarasieve de créer une réelle synergie entre ses œuvres mais, également de proposer des œuvres allant du Néo-expressionnisme avec des peintres tel·le·s que Sigmar Polke et Georg Baselitz, mais également de produire des artistes plus récent·e·s et plus jeunes comme Alkis Boutlis et Léopold Rabus.

“Cette alchimie « d’être ensemble », que l’on essaie de communiquer à tous, nourrit l’atmosphère de la galerie autant que la qualité des œuvres présentées. Le plaisir de partager sa passion c’est déjà un grand bonheur dans la vie”, s’est exprimée Suzanne dans une interview pour l’agence Yellowoverpurple en 2020.

VISUEL: Instagram galerie_suzanne_tarasieve

 
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