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Interview : Emilie Seck chargée de prévention à Solidarité Sida : « On ne guérit pas du sida »

Interview : Emilie Seck chargée de prévention à Solidarité Sida : « On ne guérit pas du sida »

01 December 2013 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Emilie Seck est chargée de prévention à Solidarité Sida. Elle a accepté de répondre à nos questions sur la réalité du virus en 2013.

Y a t-il une recrudescence de l’épidémie ?

Les chiffres sont en stabilisation. Nous ne possédons pas encore les données pour 2012, nous les aurons le premier décembre. Ce que l’on peut dire c’est qu’à l’heure actuelle, 6100 personnes découvrent leur séropositivité chaque année. Cela veut dire que 20 personnes par jour sont contaminées et le savent. Mais le plus grave est que l’on estime entre 30 et 40.000 le nombre de personnes qui l’ignorent.

Y a t-il un changement de perception du virus ?

Il y a eu un changement radical à l’arrivée des traitements en 1996. Cela a fait taire l’équation sida = mort. Avant 1996, lorsqu’on annonçait la séropositivité, on annonçait une voie sans issue.  Aujourd’hui, le sida est considéré comme une maladie chronique. Reste qu’une personne séropositive est contrainte de prendre un à deux cachets par jour qui s’accompagnent d’effets secondaires tels que les nausées, les vomissement, les cauchemars. Ce qui perdure, c’est la stigmatisation des personnes séropositives.

Quel effets les tests dans les boîtes de nuits ont-ils eu sur la perception du sida ?

À Solidarité Sida, on pense que c’est une bonne initiative de sortir le dépistage du cadre médical pour l’amener à l’extérieur à l’aide des tests rapides. Ils peuvent se passer dans une gare par exemple. On a le résultat immédiatement, ce qui évite les « perdus de vue ». Dans le cas où le test est réalisé dans un lieu festif, la nouvelle peut être difficile à gérer. Ce qui est important pour nous, c’est qu’il y ait un cadre et un vrai frein à l’épidémie. En France, cinq millions de tests sont réalisés. Cela place la France derrière l’Autriche. Le soucis est que malgré un nombre imposant de tests, le diagnostic ne bouge pas. Le problème vient de la prévention : beaucoup de stéréotypes et de contre-vérités circulent encore sur le mode de transmission du sida (notamment la contamination par la salive).

Plus de 30 ans après l’apparition du sida, pouvez-vous dire qu’il est devenu un marqueur identitaire ?

La génération sida, c’était la génération d’avant, celle des capotes à 1 franc, c’est-à-dire ceux qui sont entrés dans leur sexualité dans les années 90. Aujourd’hui, les 15-25 la construisent en ayant conscience de ce risque, mais en le mettant au même niveau que d’autres. Pour la communauté homosexuelle, cela est particulier : c’est la première à avoir été impliquée, la première à avoir militer. Mais aujourd’hui, le sida concerne tout le monde, on ne peut pas parler de marqueur identitaire.

On est sûrs d’une seule chose :  on ne guérit pas du sida.

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Mémoires du sida au théâtre
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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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