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Interview confinée de Marka : “J’ai l’âge du risque, je mesure l’importance de rester chez moi”

Interview confinée de Marka : “J’ai l’âge du risque, je mesure l’importance de rester chez moi”

20 March 2020 | PAR Romy Trajman

Outre le fait d’être le père d’Angèle et de Roméo Elvis, Marka est une figure phare de la chanson francophone belge, ça fait plus de 30 ans qu’il fait ce métier. Samedi dernier, il avait lancé le 1er concert “pré-confinement” en live sur Facebook, bien avant la mesure officielle du gouvernement.

Comment ça va ?
Ça va.

Est-ce que vous sortez encore un peu ou bien êtes vous totalement enfermé ?
Depuis jeudi dernier, je me suis imposé de rester chez moi, j’ai senti que le confinement allait venir. Je n’ai pas attendu que le gouvernement nous le dise, j’étais déjà prudent.

Quelles sont vos routines pour faire descendre l’angoisse ?
Je me suis occupé de mon jardin, je me rends compte que je suis privilégié d’en avoir un, j’ai profité de mon jardin, le confinement est arrivé avec le beau temps, je m’occupe l’esprit. Le seul truc, comme beaucoup de monde, c’est que je somatise, Dès que quelque chose ne va pas, que je tousse, etc, je somatise, ça c’est le truc gênant. Etre confiné me dérange pas plus que ça. Je suis habitué à avoir des moments de solitude. Je suis fils unique, je passe pas mal de temps seul, je n’ai plus 18 ans, j’ai pas besoin de sortir tous les soirs. J’ai 58 ans, l’âge du risque aussi, je mesure l’importance de rester chez moi, j’écoute les consignes.

Les infos, vous les écoutez ?
J’écoute pas trop les infos, une fois par jour, juste. J’ai besoin de savoir comment ça se passe. J’écoute de la musique.

Votre astuce pour tenir ?
Le jardinage, me vider l’esprit, évacuer les mauvaises pensées, on se connait tous suffisamment. Le jardin ça m’aide, aller faire un tour à vélo. Je fais beaucoup de sport normalement.

Le truc le plus incongru que vous ayez fait pour vous occuper ?
Ah oui ! Je viens de mettre du silicone à ma douche parce que j’avais une fuite, voilà, j’ai “silliconé” ma salle de bains, c’est très glamour. (rires)

L’activité que vous avez redécouverte ?
Rien encore. Je suis un garçon hyperactif de base, je trouve toujours des choses à faire, là, j’ai fait digitalisé des diapos de quand j’étais jeune. Je suis sûr qu’il y a plein de petites choses qu’on peut faire maintenant et qu’on avait zappé en temps réel. C’est un super moment pour réfléchir. Je devais être en Afrique faire un concert, j’ai annulé mon départ bien avant. Je me pose cette question : “Est- ce que je vais encore faire des grands voyages ? Vais-je encore participer à ce grand mouvement de pollution pour aller dans un pays aussi loin de chez moi ?” C’est le moment de se poser les questions. Les questions sont là. Avec leurs points d’interrogations. Avec ma femme, ce matin, on se disait : Quand quelque chose touche tout le monde à ce point, est-ce que ça va nous faire changer en profondeur, réellement.

Comment aimeriez vous que le monde change après ?
C’est une vaste question. Le rapprochement avec sa famille, se recentrer sur des choses pas si anodines qu’on l’a cru pendant longtemps. Moins se disperser, moins faire des choses qui sont ou peuvent s’avérer dangereuses, chacun à sa manière bien sûr. Faire plus gaffe et se recentrer, se poser des questions qu’en temps normal, on refoule.
On est dans un mouvement de consommation avec “ça je peux me le permettre, c’est bon marché”. On peut s’endetter pour aller à Barcelone, on s’endette. On a la corde au cou. Je suis étonné de voir à quel point l’économie est faible, les gens vivent à découvert. J’ai toujours fait très attention. Je viens de ce genre de famille, j’ai fait gaffe. C’est une question de caractère. Mais c’est pas évident. On nous a fait croire qu’on pouvait TOUT faire, on n’est pas obligé de consommer autant. Evidemment, cette pandémie va foudroyer des vies, ce moment nous amène à réfléchir. Réfléchir à nos achats, se respecter, respecter les autres.

Votre prochain concert en live ?
Samedi (demain le 21) à 19h45 sur Facebook. Je parle entre les chansons, je raconte des histoires, des blagues.  Samedi dernier, il y avait 40.000 personnes en live soit deux Bercy, j’ai reçu 1500 messages. C’est de la folie. Avec tellement de signes de sympathie et d’amour, des messages tellement positifs, je touche l’essence même de mon métier. J’aime aller vers les gens. 

On finit cet échange en points de suspension car on ne peut pas parler de ce “truc” tout le temps, qu’on ne mesure pas totalement. C’est flou, vaste. La musique alors, reste la clé. Marka semble patient ; son actu musicale est reportée, il y avait un album et deux clips, “on verra, là n’est pas la priorité. La priorité, c’est d’éviter de vagabonder vers des pensées négatives, c’est occuper son esprit et se recentrer”. Il se pose la question : au fond, être chanteur est très narcissique. On se dit que de toutes façons, faire ce que l’on aime est en soi narcissique, oui mais si c’est pour faire du bien aux autres !:)  

On se souhaite bon courage. Et bip.

Photo envoyée par l’artiste. 

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Romy Trajman

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