“Domingo et la brume” magnifie le Costa Rica
Sort en salles demain Domingo et la brume du réalisateur costaricain Ariel Escalante Meza. Un film qui mêle avec délicatesse réalisme social et présence fantastique.
Domingo habite Cascajal de Coronado, dans la périphérie de San José. Un lieu défini par sa pauvreté autant que sa beauté : aussi les spéculateurs en tout genre tentent-ils d’y faire leur terrain de jeu. Pour l’heure, c’est une autoroute qu’il s’agit de construire. Les habitant.es se battent difficilement contre ses promoteurs, qui font volontiers usage de la force. Domingo possède toutefois, dans sa détermination à faire face, une ressource insoupçonnée : l’âme de sa défunte femme, qui le suit sous la forme d’une brume.
Derrière cet argument qui emprunte autant au cinéma réaliste qu’au genre fantastique, Ariel Escalante Meza nous livre une très belle déclaration d’amour au Costa Rica. Les paysages font l’objet de longs plans progressivement recouverts de la nuée émise par la femme de Domingo et dessinent à l’écran de subtils camaïeux de turquoise. Les intérieurs sont, quant à eux, filmés avec un cadrage qui les extrait de la seule misère : l’angle embrassé par la caméra introduit un regard qui semble celui du fantôme. Ainsi, même la pauvre cuisine de la fille de Domingo semble empreinte d’une aura surnaturelle.
La finesse et la suggestion sont les maitres-mots du film : le silence qui s’installe, la simplicité du jeu et le ciré jaune de Domingo, qui nous tourne le dos autant qu’il nous regarde, participent de cette instabilité, de ce doute qui conduit le spectateur et la spectatrice à projeter leurs propres fantasmes dans les paysages qui défilent sous leurs yeux.
