Musique
The Murder Capital déchaîne le Trabendo

The Murder Capital déchaîne le Trabendo

14 February 2023 | PAR Juliette Brunet

Pour leur retour en France, le groupe irlandais de post-punk de Dublin, The Murder Capital, a déchaîné les passions du Trabendo. Trois semaines après la sortie de leur second album, le quintet continue d’impressionner par ses prestations live et l’évolution de son univers musical, s’émancipant des stricts codes du post-punk. 

The Murder Capital était de retour en France avec deux dates exceptionnelles : le 11 février 2023 à Strasbourg, et ce lundi 13 février à Paris. Le Trabendo accueillait le groupe irlandais dont le premier album When I Have Fears avait été décrit comme le « premier album exceptionnel d’un nouveau groupe qui le joue comme s’il était sérieux » par The Guardian. Dans le même quotidien britannique, Damien Morris décrivait leur univers musical comme  « remontant aux sons de batterie de Joy Division, entrelacés avec des basses qui déferlent encore et encore. L’astuce calme-fort-silencieux de Pixies est là, tout comme Shame et Savages, tandis que PJ Harvey et les Bad Seeds infestent des pistes telles que Green et Blue (repris avec fureur pendant le concert !) ».

Sorti en 2019, ce premier album se concentrait essentiellement sur les thèmes du deuil et de la perte, les paroles étant imprégnées des notions de dénaturation et d’angoisse. Lui succède Gigi’s Recovery, sorti le 23 janvier 2023, abordant une pochette étonnamment colorée, qui s’éloigne des traditionnels codes du post-punk, esthétiquement comme musicalement, en se voulant un cheminement vers la lumière. C’est avec l’introduction atmosphérique et accablante, Existence, que The Murder Capital arrive sur la scène du Trabendo : « Strange feeling I’m dealing with »… Si les paroles se teintent de mélancolie existentielle, cette ouverture tout en puissance, où les instruments et les corps se déchaînent, annonce la couleur. Déjà, l’intensité musicale transperce les corps et la scénographie, les rétines.

Dégageant une énergie brute et puissante, suit l’incroyable Return My Head, pépite rock aux riffs bien forts. Rien d’étonnant à ce que le single ait été écrit pendant la pandémie, l’extrême frustration et la privation de liberté trouvant leur catharsis dans cette énergie incontrôlable qui pose la nécessité vitale d’un changement. La rivière punk déborde, fait sauter les derniers barrages qui espaçaient encore un peu les spectateurs dans la salle. Si tout le monde crie vouloir retrouver sa tête, c’est pour mieux la jeter dans la foule, devenue un tourbillon déchainé et désordonné. Avec The Stars Will Leave Their Stage et For Everything, The Murder Capital continue de démontrer sa puissance scénique, asseyant sa réputation de groupe fait pour le live. Après les avoir entendus en concert, ce serait presque honteux d’écouter les enregistrements des morceaux avec des écouteurs dans un métro bondé…

Mais la douceur reprend ses droits avec Belonging, dont les notes brillent comme des poignards et les basses frappent comme des coups au cœur. L’atmosphère se fait d’autant plus enveloppante avec On Twisted Ground, qui est indéniablement l’un de leurs meilleurs morceaux. La voix de James McGovern nous emmène littéralement dans le terrain accidenté de nos rêves les plus effroyables, tandis que Gabriel Paschal Blake (basse) et Damien Tuit (guitare) nous offre un magnifique duo de cordes. Les essoufflements suivent le rythme des notes, les sonorités sont tantôt aquatiques, tantôt aériennes, si bien que l’on ne sait plus dans quelle dimension l’on se trouve. La salle est plongée dans un respect incroyable, tandis que la fumée imprégnant l’espace prend des airs de nuages tristes. Le temps et les gens semblent suspendus à l’écoute de ce morceau beau de douleur.

L’osmose se poursuit avec The Lie become the self, dont les premières notes semblent pareilles à des cris de baleines ou à des murmures de vent. Au fil du morceau, on en vient à se perdre, un peu comme on s’enfonce dans un mensonge plus plaisant que le réel. Mais la setlist est diablement pensée pour repartir de plus belle. En mêlant les titres des deux albums, le quintet alterne entre calme et tempête, excellant autant dans le recueillement que dans le déchaînement, pour le plus grand plaisir du public. A cette parenthèse extatique, succèdent Gigi’s Recovery, Green & Blue et We Had To Disappear, déchaînant les corps qui ne peuvent résister à ces reprises déferlantes. Achevant la soirée en apothéose, avec le terrible Éthel, The Murder Capital laisse le Trabendo épuisé et ravi d’avoir hurlé dans l’orage et danser avec les éclairs..

 

© Photos de Jahlys Denis 

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Juliette Brunet

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