
La compagnie de l’éclair démonte le patriarcat au Off d’Avignon
Vu en preview à l’Essaïon à Paris avant son arrivée à La Luna à 17H40 du 7 au 31 juillet, la compagnie marseillaise signe avec Les Maux bleus une pièce dans l’air du temps, et pourtant on s’y marre !
Depuis #MeToo, les langues se délient. Cela a montré une nébuleuse folle où l’on a fini par comprendre, bien tard, que les petits mots comme “tu vas pas sortir comme ça”, “les garçons c’est pas pareil” sont une route droite vers des violences physiques dramatiques. C’est cela que Chrystelle Canals et Milouchka, dirigées par Hervé Lavigne, racontent. Elles le racontent toutes les deux, une par une en devenant des autres mais en réalité elles ne semblent que parler d’elles, tout le temps.
La violence qui se glisse partout, elles la connaissent visiblement. Quand elles jouent, cela se fait avec une intensité qui ne ment pas. Avec une honnêteté qui ne ment pas.
Le décor est une corde à linge, symbole évidemment de la tâche ménagère (ndlr, cela ne vous avait jamais fait tilt que le mot “ménagère” définisse autant une femme travaillant à la maison qu’un lot de couverts ?), sur laquelle elles viennent chercher des habits qui leurs offrent un rôle : l’étudiante en droit qui fait la pute pour payer ses études, la victime de viol qui se sent coupable, la lesbienne qui hurle que son existence est un crime dans 72 pays… par exemple.
On s’amuse des stéréotypes passés au crible, inversés. La pièce est aérée par des temps de pubs qui soulèvent le public de rire.
Les Maux Bleus montre bien que le mépris des filles se niche partout, se transmet dans des petits riens qui font des grandes douleurs.
La troupe a déjà joué le spectacle en prison. Elle apporte sa pièce à l’édifice immense du changement des mentalités.
Visuel : ©La compagnie de l’Eclair
Du 7 au 31 juillet à La Luna, à 17H40, durée 1H10. Relâche les 12 et 19 juillet