
“Les dix Japonais” : fantasmes d’une jeune femme libre débarquée à Marseille
La Musardine réédite au sein de sa précieuse collection des “Lectures amoureuses” un texte initialement paru chez Éric Losfeld en 1970. Sous le nom de plume (et de bataille), Léone Guerre, Agnès Duits, épouse du poète, romancier et peintre surréaliste Charles Duits, livre un récit érotique qu’elle place dans la bouche (et l’imaginaire) fertiles d’une toute jeune-femme débarquée à Marseille. Un texte précis, précieux et cru.
Léone a 17 ou 18 ans, très peu d’argent en poche mais beaucoup de désir et notamment celui d’explorer une très grande liberté. Les rencontres de passage, le vent empli de sel, l’éphémère beauté des marins, les vapeurs des alcools et le plaisir, encore: elle veut vivre pleinement, sous ses airs encore enfantins. La rencontre d’un japonais d’une très grande beauté la mène à une expérience érotique inouïe avec neuf autres de ses comparses, de même l’attrait du visage d’un homme à un bar peut lui rappeler sa “première fois” intense et aux antipodes du banal.
Dans une langue magnifique, l’on suit les flux et reflux d’un désir toujours en mouvement et d’un imaginaire ancré dans la jeunesse, la sève, le corps et le frisson de nouvelles expériences. Un vent de liberté souffle sur ce texte qui n’a rien perdu, ni de sa fraîcheur, ni de la richesse de l’imaginaire auquel il laisse libre cours. Un livre de désir, complexe et parfaitement librement associé, aussi bien sur le fond que sur la forme.
Léone Guerre, Les Dix Japonais, La Musardine, 128 p., 9,98 euros.
visuel : couverture du livre