
“La générosité de Dorcas” de Jan Fabre au TnBA, un don de soi sans concession
C’est dans le cadre d’un focus sur le chorégraphe Jan Fabre que le FAB proposait de découvrir sa pièce “La générosité de Dorcas”, un solo interprété par Matteo Sedda au TnBA.
Danser « jusqu’au bout des doigts » est un expression qui prend tout son sens pour l’interprète Matteo Sedda. Mais aussi jusqu’au bout de soi. Vêtu de nombreuses couches de vêtements, gants, chapeau et chaussettes comprises, la danse est dans un premier temps cachée. Mais dès que la musique, créée et composée par Dag Taeldeman, s’intensifie, le corps lui aussi doit suivre ces variations. Au début comme une musique d’ambiance, les rifs de guitare se font ensuite entendre pour donner à entendre au spectateur des sonorités carrément rock.
Le mouvement, répétitif, prévisible, amène le danseur dans une forme de transe, un état rare d’extase. Plus les vêtements tombent, plus la danse se dévoile pour arriver à sa forme la plus intense. Le décor participe à cette ambiance étrange, colorée mais sombre malgré tout. Des fils de laines multicolores suspendus au plafond avec des aiguilles au bout qui serviront de fil rouge tout au long de la pièce. C’est épuisé que le danseur conclue cette heure, à moitié nu, à moitié fou. Et quand la musique s’arrête c’est d’abord du soulagement que l’on ressent, avec la sensation d’être aller jusqu’au bout de quelque chose. C’est ensuite l’admiration qui prend le dessus et qui pousse à saluer la performance, du chorégraphe mais surtout du danseur. Le public, conquis mais un peu abasourdi, reprend peu à peu des couleurs et retourne au cours de sa vie.
Visuels : © Marcel Lennartz