Udo Zembok, maître coloriste contemporain, au MusVerre
Lieu phare du verre artistique en France, le MusVerre, à Sars-Poteries (59), présente jusqu’au 22 septembre une exposition d’Udo Zembok, maître coloriste dont les œuvres, au magnétisme chromatique intense, rappellent beaucoup celles du peintre Mark Rothko.
À travers une quinzaine d’œuvres récentes de format relativement modeste et une monumentale, elle offre l’occasion de se familiariser avec le travail de l’artiste, dont une pièce, commandée par le musée, trônera bientôt dehors de façon permanente.
Pas de forfanterie, pas de grands effets, avec Udo Zembok. Si l’art du sculpteur verrier allemand est lyrique, c’est d’un lyrisme serein, tout à la plénitude, à l’extase silencieuse. D’un lyrisme tendu versl’intérieur, qui remplit et épure le dedans – et non pas d’un lyrisme d’effusion et de débordement.
Une couche après l’autre, par une démarche comparable aux glacis du peintre, il superpose des plaques de verre revêtues de poudres de verre colorées et les fusionne entre elles. Ainsi obtient-il cette profondeur translucide, aux effets changeants selon la lumière.


Comme chez Mark Rothko, dont le nom ne manque pas de venir à l’esprit, ou comme le Finlandais Mikko Paakkola aujourd’hui, il ne s’agit pas d’un art du concept, mais d’un support à travers quoi l’esprit se plonge en lui-même ou dans l’objet même – un support de méditation, c’est-à-dire d’ec-stase. Comme ceux-ci – et quelques autres, tels Zao Wou-ki ou Chu Teh-Chun, quoique leur art soit très différent –, il est de ces non figuratifs dont l’œuvre, fatalement limitée dans l’espace, paraît pourtant enserrer l’infini ou plutôt béer comme une fenêtre sur l’inconnu, sur un hors-le-temps et un hors-l’espace. Sur un hors-les-mots, également, où l’esprit rationnel se tient en retrait et lâche la bride au sentiment, à l’émotion, à la sensation.



Dans l’art du verre, Udo Zembok ne fait pas partie des virtuoses ni des démonstratifs. Son art repose sur un langage simple, porté à l’excellence, qui tient à son intensité chromatique pénétrante.
Lors de la visite, Mme Anne Vanlatum, directrice des collections, nous apprend que la levée de fonds mixte (entreprises, collectivités d’État, habitants des environs attachés à « leur » musée), destinée à l’achat d’une œuvre de commande, intitulée Fusion, qui doit durer jusqu’à la mi-septembre, devrait atteindre son objectif. Pièce la plus imposante de l’exposition temporaire, Cœur II (2,15 x 3,20 m) donne une idée de celle qui ornera bientôt de façon permanente le jardin du musée, comme une gemme portée fièrement en sautoir.
Udo Zembok, « Open Space », jusqu’au 22 septembre, MusVerre, 76, rue du Général-de-Gaulle, Sars-Poteries (59).