
“Nous étions l’avenir” : Un retour nostalgique sur une génération grandie au Kibboutz
Née dans un Kibboutz en 1960,l’écrivain israélienne Yaël Neeman revient avec nostalgie, poésie et lucidité sur un enfance bercée d’idéaux, d’idéologie et de communauté. Un livre lumineux et fin, à découvrir, 4 ans après sa sortie dans la traduction de Rosette Azoulay, aidée de Rosie Pinhas-Delpuech chez Actes Sud.
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Dans le Kibboutz Yehi’am en Galilée, les enfants ne dorment pas avec leurs parents. Ils restent entre eux, avec des prénoms d’animaux et de fleurs qui se regroupent en cercles tout aussi totémiques. l’on apprend à aimer la terre, à jouer ensemble, à lire l’hébreu. On n’est jamais noté, simplement encouragé par la pédagogie. Plusieurs âges se confondent et l’horizon maximum de l’inconnu est un échange avec un autre Kibboutz. Moralité : l’enfance est vraiment l’enfance, très protégée par une série de code à la fois rigoureux et pas trop pesants. le choc vient quand on passe au lycée voisin, où le se met à vivre et penser comme un individu responsable de soi, ses amours, sa nourriture et ses notes…
A la fois très lucide et nostalgique du monde de son enfance, Yaël Neeman décrit avec magie la grande pureté et la grande naïveté qui a entouré la société très particulière de ses premières années. Jamais cynique, mais plus tout à fait dupe, elle raconte une éducation très spéciale dans un monde d’autant plus étroit et protégé qu’il était communautaire à l’extrême. Une liberté si grande dans un si petit cercle fascine, et éclaire avec poésie la manière dont les enfants savent toujours s’inventer un monde intérieur libre mais quand l’intériorité n’est pas sensé avoir pignon sur rue… Un très beau livre, où la traduction transmet beaucoup de nuances et d’émotions.
Yaël Neeman, Nous étions l’avenir, trad. Rosette Azoulay, aidée de Rosie Pinhas-Delpuech, Actes Sud, 272 p., 22.50 euros. Avril 2015.
visuel : couverture du livre
visuel : couverture du livre