
“Monsieur Belleville” à domicile
Voilà un moment que l’on vous parle de ce gars-là. Vous ne l’avez jamais croisé ? Pourtant cela fait un bail que Monsieur Belleville, son bomber doré sur le dos, arpente la même rue, en suivant la même nana. A force de traîner dans tout Paris (à Montreuil, Gare de l’est, aux Buttes Chaumont...) il a enfin posé ses baskets à domicile, au Théâtre de Belleville. Immanquable
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Tous les jours, de tous les mois, Monsieur Belleville “prend des nouvelles du monde”. Mais ces nouvelles ne sont pas fraîches. Mai annonce la Révolution, Mars une guerre au Soudan. Il est blasé, marche pour oublier. Marche pour se sentir vivant. Quand il marche, il fait des rencontres autour du fil qu’il tisse dans sa recherche de la belle qu’il ne connait pas (en alternance Céline Groussard/ Hélène Viviès, toutes deux troublantes). Il croise un certain Santa Claus (Laurent Brechet en vidéo) ou s’invente un moyen de s’en sortir en vendant du “rien”, ce qui lui permet, grâce à “rien”, de salarier un homme (en alternance, les excellents Ludovic Lamaud et Erwan Daouphars).
Alors, on se balade, guidés par les écrans vidéos qui nous font entrer dans les lieux emblématiques de cette rue foisonnante. Guidés aussi par la voix d’Aurore Juin qui porte les chansons et la musique composées pour ce spectacle. La voix nous ramène à celle d’Holden, limpide sans être enfantine, sombre sans durcir. Elle est mélodieuse et conteuse.
Sur scène Thibaud Amorfini, mis en scène par Brigitte Sy, exulte. Il peut danser, mourir, dormir, il est chez lui. Comédien protéiforme, il change d’attitude comme de saison. Il s’amuse, cherche le public et le séduit, dans un braquage théâtral des plus réussis.
A voir.
Visuel :© Pauline Le Goff