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[Critique] « Ma vie avec Liberace », Michael Douglas et Matt Damon s’aiment et se détruisent chez Soderbergh

[Critique] « Ma vie avec Liberace », Michael Douglas et Matt Damon s’aiment et se détruisent chez Soderbergh

19 September 2013 | PAR Gilles Herail

Behind the Candelabra n’a pas fait l’unanimité à Toutelaculture (voir la critique mitigée de Yael). Si le côté kitsch et flamboyant du personnage principal et des décors pourra laisser de côté une partie des spectateurs, on doit reconnaître à Soderbergh le mérite de filmer une très belle histoire d’amour et de capter des moments de tendresse perdus dans un tourbillon de faste, luxe et show.

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Liberace est une des icônes de l’entertainment américain. Un pianiste de bar se produisant sur des scènes gigantesques pour partager avec son public l’amour de la musique mais surtout du show. En s’inventant un personnage flamboyant, aux manteaux délirants, au maniérisme poussé à l’extrême, qui a su créer une véritable relation avec son public. Tout en niant jusqu’au bout son homosexualité qui restera un tabou jusqu’à sa mort, où le pot au rose sera révélé. Michael Douglas est Liberace jusqu’au bout des ongles. Pas seulement dans la minauderie et les effets, mais surtout dans cette ambiguïté permanente entre désir de bien faire, obsession de tout contrôler et une jalousie maladive qui contraste avec sa propre addiction au sexe.

La rencontre entre les deux personnages commence comme un conte de fée où le jeune mal dégrossi, sorti de sa petite ville découvre les fastes de Vegas et se retrouve fasciné  par ce personnage séduisant dans sa démesure. Soderbergh filme ensuite le déclin et l’évolution glauque de sa relation. Quand la chirurgie esthétique est utilisée pour ressembler au maître. Quand le personnage de Matt Damon change aussi pour devenir une sorte d’homme au foyer, diva dépressive qui déambule toute la journée dans son palace. Soderbergh évoque le sordide avec les addictions aux drogues dures, médicaments et au sexe mais maintient toujours une touche de légèreté.

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Car on retrouve des moments de complicité dans cette relation destructrice. Une tendresse qui réapparaît dans les derniers moments,  des retrouvailles finales où le dictateur affaibli par la maladie retrouve son ancien amant pour un dernier au-revoir, sur un pied d’égalité. Plus qu’un biopic sur Liberace, Soderbergh filme une histoire d’amour tordue, quasi incestueuse (Liberace comptait adopter son protégé), manipulatrice et dérangeante mais aussi passionnée, et d’une certaine manière tendre.  Et l’on ne peut s’empêcher de tomber sous le charme de ce Liberace, égocentrique, malsain, insupportable mais profondément charismatique.

Gilles Hérail

Ma vie avec Liberace (« Behind the Candelabra »), de Steven Soderbergh, avec Michael Douglas, Matt Damon, 1h58, USA, ARP selection, sortie en salles le 18 septembre 2013.

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One thought on “[Critique] « Ma vie avec Liberace », Michael Douglas et Matt Damon s’aiment et se détruisent chez Soderbergh”

Commentaire(s)

  • Jean-Paul Desverchère

    Sans être éblouissant de bout en bout “Ma vie avec Liberace” restitue loyalement les assaisonnements loufoques, narcissiques et fantasques d’un concept festif immature, dépensier et infidèle emmailloté dans de la lumière vive.

    De la paillette relaxante sauvegardant une inconsistance ayant besoin de se rassurer en permanence, dans de grandes pièces magnifiquement éclairées, saturées de toiles et de bibelots pharaoniques.

    Ce qui brille apaise, tout en encourageant certaines confidences sur quelques dysfonctionnements du passé, menant une réplique du citoyen Kane vers une finalité non forcément désirée mais assumée dans tous ses excès.

    On se détruit paradoxalement en trainant ses manques dans un abouti dissimulant secrètement le regret de ne pas être soi même.

    Constamment sous l’emprise du chien de race, de la fourrure, du bijou, de la perruque, du visage refait et de la voiture de luxe dont on devine parfaitement la temporalité éphémère.

    Le tout pour se dissoudre alité et amaigri, privé de toutes extravagances dans des remords divulguant enfin un véritable langage.

    L’amour en hommes, dans un opus sensible, sans jamais être dérangeant, où il faut toucher le fond pour s’apercevoir que le ressenti n’a nullement besoin d’artifices pour se dévoiler.

    Il suffit de s’aimer tout simplement et de le proclamer dans le vide absolu.

    August 13, 2014 at 13 h 27 min

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