Théâtre
« Les Vibrants », sensible et fort, au Studio des Champs-Élysées

« Les Vibrants », sensible et fort, au Studio des Champs-Élysées

02 October 2017 | PAR Victoire Chabert

« Les Vibrants » au Studio des Champs-Elysées, mêle 14/18 à la légende de Cyrano et nous offre une émotion peu commune et bouleversante.

« Les Vibrants » c’est une « fresque romanesque » qui s’attache aux parcours douloureux des Gueules Cassées. La pièce offre une belle leçon de vie et d’espoir, avec un très beau texte, une mise en scène intelligente et captivante mais surtout des acteurs émouvants. Cette pièce traduit en 1h20 les souffrances du personnage principal, Eugène, dans des tableaux qui s’enchaînent comme au cinéma. La mise en scène, sans concessions, plonge le spectateur à la fois dans l’horreur de la guerre et le désespoir des Gueules Cassées tout en rendant justice au moment de bonheur et de joie qui ont existé en ce même temps de guerre.

En 1914, Eugène, beau et insolent, part pour le front comme engagé volontaire. Affecté à Verdun en 1916, il est blessé lors des combats par un éclat d’obus. Il y laisse la moitié de son visage, sa mâchoire est détruite, il n’a plus de nez… Cette blessure est le point de départ vers la reconstruction de son visage, par des opérations à répétitions, et également le début de sa reconstruction identitaire qui se fait via le théâtre. Perdre son visage, est-ce perdre son identité ? Être mutilé, est-ce être mort ou vivant ? Le théâtre aide-t-il à vivre ? Rien, durant ses années de convalescence au Val-de-Grâce, ne semble lui redonner goût à la vie. Jusqu’au jour où il fait la rencontre de la flamboyante Sarah Bernhardt, persuadée qu’une seule chose pourra le sauver : le théâtre. Eugène va alors suivre de très près l’ombre de Cyrano de Bergerac et être pris dans les méandres d’un triangle amoureux. 

Cette pièce est un hommage historique porté par des comédiens qui nous laissent à penser que cette histoire pourrait ne pas être une fiction. La mise en scène cinématographique de Quentin Defalt saisit. Le travail sonore et la scénographie très soignés accompagnent le texte que l’on doit à la jeune auteure, Aïda Asgharzadeh. Ce texte est soutenu sur scène par le jeu de quatre comédiens très talentueux Aïda ASGHARZADEH ou Elisabeth VENTURA, Benjamin BRENIERE, Matthieu HORNUSS et Amélie MANET, qui  incarnent les seize personnages de la pièce. L’ingéniosité de la scénographie et des costumes permet aux comédiens d’incarner tous les personnages sur scène, sans alourdir le propos ni rendre la pièce confuse. Chaque scène est forte, sobre, décente, mais aussi vibrante et déchirante. On trouve sublimes ses choix assumés de mise en scène et de jeu.

« Les Vibrants » c’est une histoire bien tournée, des comédiens affûtés, une pièce ambitieuse, sur un sujet difficile. C’est un travail tout en sensibilité, remarquable, une fresque captivante qui nous intime l’ordre de vivre et de vibrer. C’est en quelque sorte une déclaration d’amour au théâtre, celui qui sauve Eugène, et d’autres hommes ou femmes de leur mal-être et qui guérit les âmes blessées.

Visuels : Jean-Christophe Lemasson

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Victoire Chabert

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