Performance
Les voix de Monira Al Qadiri au Kunstenfestival

Les voix de Monira Al Qadiri au Kunstenfestival

10 May 2017 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Elle est performeuse. Quoi de plus classique au Kunstenfestivaldesarts qui se tient à Bruxelles et bien au-delà des frontières du centre ville ? Attendez … Monira Al Qadiri est née au Sénégal, a été formée au Japon et vit au Koweit. Elle se passionne pour la voix de Kabamaru, et cela donne un spectacle sensible et fou dans l’écrin très chic de la Boghossian Foundation. Feeling Dubbing est à voir jusqu’au 13 mai.

[rating=4]

Kabamaru est un personnage de manga. Il est vêtu de bleu, il a les cheveux bruns et mange des nouilles compulsivement.  En pleine Guerre du Golfe,  Monira Al Qadiri  est enfant. Elle comme ses amis sont assignés à résidence le temps des combats. Alors, regarder les dessins-animés japonais doublés en arabe littéraire est l’occupation principale. C’est là que la folie surgit. L’arabe littéraire ne se parle pas. Les personnages ne parlent pas, ils sont faux.  Leurs visages ne sont pas arabes. Alors qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui persiste ? Une seule chose : la voix

Monira Al Qadiri  travaille régulièrement la question du doublage mais ici elle le dépasse pour incarner la voix. Elle convoque des éléments du manga comme ces crevettes bien trop roses, monumentales, qui pendent au plafond.  Les Kabamaru  se dédoublent, l’un marionnette lourde et l’autre humain sans voix propre : il nous parvient en kit, insaisissable.

On reste positivement perplexe devant cette étonnante proposition qui rappelle les exubérances de Massimo Furlan.  Monira Al Qadiri  joue parfaitement du trouble qui colle une langue sur une esthétique opposée et nous propose finalement d’assister à sa quête qui reste inachevée. Jamais elle n’a rencontré WIlliam, la voix de Kabamaru  et la fiction reste  intacte.

La mise en distance avec le réel qui pourtant est raconté sur scène est total grâce à la disparition de la voix directe.  Chaque voix est unique parait-il. Décidément le Kunsten ne cesse d’interroger les perceptions.

Tout le programme du Kunstenfestivaldesarts est ici.

Visuel : ©RHOK Catherine Antoine

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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