Cirque
Les Sept Planches de la ruse : le Casse-tête chinois d’Aurélien Bory

Les Sept Planches de la ruse : le Casse-tête chinois d’Aurélien Bory

13 November 2015 | PAR Araso

Après Plexus, créé au Théâtre des Abbesses à Paris en janvier 2014 et repris en janvier 2015, et Sans Objet, présenté dans le cadre du festival Paris Quartier d’Eté en juillet dernier, on retrouve le metteur en scène-jongleur Aurélien Bory avec les Sept Planches de la ruse, reprise d’une création de 2010, mariage improbable du cirque, de l’opéra traditionnel chinois, de l’acrobatie. Un exercice périlleux tout en déséquilibres et en confusion des genres. 

[rating=2]

 

Les Sept Planches de la ruse est l’autre nom du tangram, un jeu chinois datant de l’Antiquité, sorte de puzzle caractérisé par la dissection d’un carré en sept pièces élémentaires. Aurélien Bory l’a imaginé démesuré, écrasant, en proie à une tectonique des plaques infernale. La pièce s’ouvre sur l’aube d’un monde exotique dans lequel une déesse joue d’un violon traditionnel. Le fond est jaune, celui de la force de vie naturelle, du loess, cette poussière en provenance du désert de Gobi qui balaie le nord de la Chine et rend ses terres agraires fertiles. Le jaune radieux, impérial, celui du yang, de la force masculine. Les silhouettes noires se détachent du support cubique XXL avec une grâce et une poésie pleine de promesses. Et pourtant : la suite est une succession d’exercices d’équilibres répétitifs et laborieux, au goût amer de déjà-vu. Les 14 artistes présents en permanence sur scène se débattent dans ce maelström de modules, courent à pas de souris tels des hamsters pris au piège d’un Tetris géant. La mise en scène use et abuse des comiques de situation et tombe de facto dans un registre « gimmicky » à souhait. La dramaturgie est absente. Se pose en filigrane, la douloureuse question : mais où veut-il en venir ?

Et c’est précisément là que réside l’intérêt de la pièce, référence explicite aux Temps Modernes de Charlie Chaplin et ses rouages diaboliques. Métaphore parfaite de la Chine moderne, elle nous entraîne dans une société où des individus errent sans but, courent frénétiquement tous azimuts, trébuchent, sont pris en étau dans un carcan qui n’a de cesse de se resserrer. L’espace vital est de plus en plus restreint et pousse la claustrophobie à son paroxysme, jusqu’à l’enfermement. Difficile de se frayer un chemin dans cette organisation mécanique en perpétuel mouvement, thème cher à Aurélien Bory, et dont le moindre déraillement est fatal. Arrive le moment où un assemblage de triangles prend la forme d’un schéma simplifié d’usine, les voix s’éraillent comme cette tradition qui ne trouve plus sa place dans un monde qui lui préfère la consommation sous haut le haut patronage du « branding » et tout cela fait sens, enfin.

Aurélien Bory, Les Sept Planches de la ruse, Théâtre-spectacle avec le Théâtre de la Ville, au Cenquatre jusqu’au 21 Novembre 2015.

Visuel © Aglaé Bory

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