[Live Report] Yves Jamait au Grand Rex (03/04/2012)
Jamait, ô grand Jamait… Les douces mélodies du dernier album du rocker et chansonnier à la voix éraillée et aux paroles embués d’alcool et de cynisme ont fait chanter et s’émouvoir le public parisien comme à chaque fois. Menant son cortège de musiciens telle une harmonie de café-concert, Yves Jamait peut se targuer de révéler en chacun son côté le plus vivant et le plus rêveur après ce concert.
Après une première partie assurée par Dorothée Daniel, pianiste, chanteuse et parolière occasionnelle de Jamait, le public était pour le moins mitigé : la voix n’était pas en phase avec la musique, et la diction laisse à désirer; même les paroles manquaient de profondeur, correspondant mal à la qualité de son jeu au piano. Mais c’est en écrivant pour les autres qu’elle brille réellement : pour preuve, le duo qu’elle a soutenu avec l’artiste au cours du spectacle était efficace et entraînant.
En guest star, le chanteur Stéphan Rizon, artiste à l’aise dans les aigus sur les chœurs comme dans les graves pour ses propres chansons, et l’apparition (presque) inattendue dans le faux-fond de la salle (derrière l’écran de cinéma, Rex oblige) de l’orchestre des élèves du conservatoire de Dijon, qui ont amplifié la tristesse, la joie et l’humour de Jamait avec un brio embryonnaire, et les quelques fausses notes n’ont pas altéré l’humeur des spectateurs.
Les plus belles chansons de Saison 4 comme les moins originales ont trouvé leur place dans ce concert, mais c’est l’annonce d’une nouvelle chanson, encore sans nom, qui a suscité la curiosité et le bonheur de l’assemblée spectatrice. Dénonçant les vices et les promesses mensongères de l’Union Européenne, par l’intermédiaire d’un citoyen s’étant senti abusé par ses propres bons sentiments, cette exclusivité se moque avec tristesse des “Maastricheurs” et autres “Lisbonnimenteurs”. Un regard critique et trouble sur le monde, comme à son habitude, mais sans message politique comme certains auraient pu l’attendre.