
Statue d’Hitler à Varsovie : la polémique se poursuit
Une statue d’Hitler est exposée par le Centre d’art contemporain de Varsovie dans l’ancien ghetto de la ville : la polémique se poursuit.
La statue de Maurizio Cattelan, représentant un Hitler au corps d’enfant et priant à genoux, refait parler d’elle. L’oeuvre de l’artiste italien, habitué de la provoc’ (en 1999 sa Nona Ora montrait le pape terrassé par une météorite), est exposée dans l’ancien ghetto de Varsovie depuis le 16 novembre dernier et suscite de nombreuses réactions controversées notamment au sein de la communauté juive de la ville.
Le grand rabbin de Varsovie a ainsi déclaré vendredi dernier dans des propos repris hier soir par Libération.fr : «Quand il s’agit de montrer le personnage d’Hitler, nous avons la responsabilité extraordinaire d’être sensibles à ceux qui ont souffert, à cause de ce que Hitler a provoqué, aux survivants de l’Holocauste et aux survivants non-juifs».
Cette oeuvre s’inscrit dans une rétrospective baptisée “Amen” consacrée à Maurizio Cattelan par le Centre d’art contemporain de Varsovie et qui souhaite explorer les concepts de vie et de mort, de bien et de mal.Visible uniquement de dos, la statue se situe dans une rue chargée d’Histoire, «La placer précisément ici, dans la rue Prozna, qui faisait partie de l’ancien ghetto, témoigne d’un manque de sensibilité, et c’est pourquoi cela me pose un problème», a ainsi ajouté le grand rabbin.
Fabio Cavallucci, directeur du musée polonais s’ était défendu en décembre dernier de toute complaisance avec l’image d’Adolf Hitler en affirmant «Il n’est pas question du côté de l’artiste ou du centre d’insulter la mémoire juive (…) C’est une œuvre d’art qui essaie de parler du fait que le mal se cache partout dans le monde.» comme le rapportait le site d’information Slate.fr.
Toujours est il que reprendre l’image d’Hitler semble devenir de plus en plus banal et nos sociétés paraissent de moins en moins choquées par ces différents détournements. Les déclarations de Lars Von Trier lors du festival de Cannes 2011, la webcomic humoristique Hipster Hitler, les concerts du DJ Sebastian (dont la mise en scène pourrait faire penser à un meeting fasciste ou nazi )… les reprises, bien souvent parodiques et provocatrices, de l’esthétique nazie sont courantes et semblent témoigner d’une normalisation croissante de l’image d’ Adolf Hitler. Le plus délicat restant de décoder la teneur du message véhiculé.
Opération marketing de mauvais goût pour certains, oeuvre coup de poing pour d’autres, cette statue d’Hitler fait pour le moins parler d’elle, et c’est là peut être l’essentiel pour Maurizio Cattelan.
Photos (c) : captures d’écrans