
Thomas Quillardet adapte “L’Arbre, le maire et la médiathèque”
Après Où les cœurs s’éprennent, adapté du Rayon vert et des Nuits de la pleine lune en 2016, Thomas Quillardet adapte L’Arbre, le maire et la médiathèque, dans une pièce du même nom. Petit détour par Vincennes et son Parc floral, où le Théâtre de la Tempête proposait ce week-end de découvrir cette adaptation de Rohmer.
Il faut sauver l’arbre centenaire
On connaît l’argument : Julien Dechaumes, maire de Saint-Juire en Vendée, vient d’obtenir du Ministère de la Culture une subvention lui permettant de rêver à un ambitieux centre culturel et sportif pour sa petite commune. Trop ambitieux pensent certains, qui craignent que le complexe ne défigure le village. Au premier rang de ses adversaires, Marc Rossignol, l’instituteur du village, qui se bat pour la survie d’un arbre centenaire que le projet risque de déraciner. Aussi le film de Rohmer accorde-t-il la part belle aux joutes qui opposent partisans et contempteurs du projet.
Des joutes et du rire
La réussite première de l’adaptation de Thomas Quillardet est d’avoir conservé la dimension agonistique du film tout en soulignant son caractère comique. L’essentiel des dialogues de la pièce sont ainsi, au mot près, ceux de Rohmer : de la fascination naïve et un rien surfaite de Bérénice Beauregard/Malvina Plégat (qui s’extasie devant un plant de salades parce que les laitues ne sont pas sous cellophane) aux vociférations théâtrales de Marc Rossignol/Fabrice Luchini/Florent Cheippe, tout y est, et les acteurs s’approprient ces textes avec bonheur.
Du comique de caractère
C’est donc en grande partie dans les costumes et la direction d’acteurs que Quillardet trouve sa singularité : si les tirades grandiloquentes de Marc Rossignol, alias Florent Cheippe, font penser à celles de Luchini, les professions de foi de Julien Dechaume s’éloignent du personnage source. En effet, alors que, dans le film de Rohmer, Pascal Greggory était revêtu d’un habit de chatelain faussement proche de « ses gens », Guillaume Laloux, avec son costume-cravate noir et ses cheveux gominés, suggère dès le début du spectacle un élu distant et intriguant. Surtout, quand le premier, contenant ses émotions, s’exprimait d’une voix égale, le second se laisse souvent submerger par des sentiments peu avouables. Colère, pleurs… Le personnage de Julien Dechaume devient un personnage ridicule, dont le public prend plaisir à se moquer.
De la légèreté
En une quarantaine de minutes, Thomas Quillardet parvient ainsi à rendre compte des principaux enjeux du film, de près de deux heures, d’Eric Rohmer et, grâce à ce comique de caractère, donne au spectacle une allure plus primesautière encore que les films du modèle. Désertification des campagnes, intrigues politiques… les grands sujets de société sont abordés de front, avec un air de pas y toucher.
Une légèreté qui s’inscrit d’ailleurs dans son espace : le spectacle a été pensé pour du plein air et la représentation de ce dimanche avait lieu sous les arbres du Bois de Vincennes.
Les représentations de cet été auront lieu aux lieux et festivals suivants :
2 juillet : Festival d’été de Chateauvallon – Scène nationale
7 juillet : Festival Par Has’art – Noisiel
9 juillet : Théâtre de Chelles – Parc des souvenirs
17 juillet : Le Moulin du Roc – Scène nationale de Niort
24 juillet : Lieux publics – Marseille – Parc de l’Oasis
19 au 21 août : Eclat-Les Rencontres – Aurillac