Théâtre
The prisoner, le vide si plein de Peter Brook

The prisoner, le vide si plein de Peter Brook

09 March 2018 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Jusqu’au 24 mars Peter Brook est de retour dans sa maison, les Bouffes du Nord pour expérimenter une nouvelle fois sa célèbre notion, l’espace vide.

Peter Brook et Marie Hélène Estienne racontent une nouvelle fois une histoire, peut-être toujours la même depuis des décennies, et finalement la même depuis le début de l’humanité. Pour cette dernière création, il est question de la vie d’un homme qui aurait pu être le personnage principal d’une tragédie d’Eschyle.

Mavuso a tué son père car il couchait avec sa sœur, dont il est amoureux. L’inceste se décline dans les deux générations, sans que Nadia ne voit le problème. Suite à ce crime, l’assassin est condamné d’abord à une torture traditionnelle avant de subir une punition aux symboles forts.

Il ne sera pas emprisonné, pas longtemps. Il devra rester assis là dans le désert, et regarder la prison. Et ? Et c’est tout ! Oui “tout”.

Aucune chaîne, aucun garde. Et c’est donc ça la leçon? Nous ne sommes contraints que par nous-même sans possible échappatoire.

Ici et comme toujours, ( récemment : The Suit, The Valley of Astonishment, Battlefield), tout n’est que quête vaine de sens. Du haut de ses 92 ans, Peter Brook semble nous apprendre que rien n’est jamais écrit et surtout que pour lui, la forme est une illusion. Il défend son point de vue depuis le commencement, déjà avec ses Shakespeare dans les années 40. Mais le vide ne veut pas dire le laid ( heureux sont ceux qui en 1985 ont vu le Mahabharata), et la lumière est ici une reine qui nous déplace d’une forêt a une montagne sans crier gare.

Le décor est allégorique, des branches, des pierres, des bouts de bois. Et tout est prétexte à changer de date et de lieu. L’imaginaire est comme dans les récits de griots le principal acteur.

Au bord du mime, Hiran Abeysekera, Ery Nzaramba, Sean O’Callaghan ( en remplacement de Donald Sumpter ), Omar Silva et Kalieaswari Srinivasan incarnent les trois membres d’une famille, un visiteur vu comme un naïf et un homme à la fois nain, puis coupeur de têtes (et d’arbres ).

The Prisoner est archétypal des travaux de Brook et Estienne. C’est une chance immense de pouvoir encore voir leurs pièces et une urgence.

À noter, le 11 Mars à 17h, aura lieu aux Bouffes la projection de Becket by Brook, suivi de Aux Bouffes du Nord, les murs parlent.

Visuel : The Prisoner, Peter Brook © Simon Annand

Infos pratiques

Agenda des sorties du weekend du 9 mars.
« Parfums de Chine » au Musée Cernuschi La culture de l’encens au temps des empereurs
Avatar photo
Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration