Théâtre
<em>Robert Plankett</em> tente une comédie de la perte au Théâtre de la Ville

Robert Plankett tente une comédie de la perte au Théâtre de la Ville

02 May 2012 | PAR Amelie Blaustein Niddam

On peut rire de tout et surtout de la mort. La troupe de Pina Bausch le démontre chaque soir dans l’autre salle du Théâtre de la Ville. Aux Abbesses, le collectif La vie brève propose Robert Plankett un spectacle aux fausses bonnes idées sur la question de la mort subite d’un être cher.

Robert Plankett était un jeune metteur en scène, la petite trentaine. Éloigné de sa famille, c’est entouré de la troupe et de ses amis qu’il meurt, subitement, d’un AVC un matin comme un autre. La dynamique de la mise en place étonnante d’un deuil débute immédiatement, confrontant dos à dos les réactions de chacun : sa femme Camille, qui veut jeter le poulet qu’il avait acheté pour dîner, ou l’amie Louise qui refuse que l’on se débarrasse de quoi que ce soit. Il faut trier, partager et organiser une nouvelle vie sans lui. Ça c’est plutôt le job de Salomé ( formidable, une fois de plus Marie Dompnier).

Du point de vue du rythme, le spectacle s’inspire autant des films sur l’amitié que d’autres pièces montées par des collectifs.  Contrairement au travail fait par une troupe comme l’Avantage du doute qui offre prochainement une pièce sur Mai 68 à la Commune, ici, les recherches et les enquêtes semblent absentes du travail de création qui fait plutôt ressentir une grande quête autour de l’improvisation. L’affaire se veut cynique, elle y perd en légèreté. Un faux début à grosses ficelles pose le ton : le rire sera provoqué facilement.

S’en suivent des lapalissades sur la mort et l’absence. Le deuil est ici présenté sous les traits de la facile métaphore de la maison que l’on vide. En voulant aborder un sujet qui semble familier à tous, le collectif La Vie Brève tombe dans l’écueil d’une cour de récréation où le jeu prend le dessus sur la réflexion. C’est en tout cas ce qui se dégage de cette proposition aux allures sympathiques. Les comédiens ne parviennent pas à toucher le spectateur en ne faisant qu’effleurer le propos à l’aide d’évidences qui n’en sont pas.

Certains moments sauvent le navire du naufrage : on trouvera absolument juste l’idée que le mort se mêle au vivant, telle une âme flottante avant, ici, l’incinération. On aimera une phrase si juste sur la perte qui dira : “je suis englué dans le présent, l’avenir a été coupé”. On rira de l’humour noir tant recherché et enfin atteint, d’une dissection de cervelle d’animal pour entrer dans le récit forcement lent, captivant et obsédant des derniers instants.

Tout est là, de bons comédiens, une belle idée scénographique et la mise en jeu d’une existence même : un collectif, par définition sans direction, au nom “la vie brève” qui met en scène la mort d’un metteur en scène illustrant ce court passage sur terre. Pourtant, l’ensemble souffre d’une légèreté qui se cherche trop pour toucher juste.

Photo Charlotte Corman.

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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