
Philippe Person revisite Le Dindon de Feydeau au Lucernaire
Le Dindon de Feydeau s’installe au Lucernaire dans une version intemporelle aux couleurs des années soixante, et nous viennent tous les éclats de rire calculés par l’auteur.
Ça commence par un cri. Ça finit par un murmure.
Un sacré texte
Comme toujours chez Feydeau, les couples se trompent ou du moins essayent ; les hommes sont lâches et pitoyables ; les femmes insupportables et souvent cruelles. Deux épouses se promettent de prendre un amant si leurs maris les trompent. Déjà leurs prétendants intriguent, avec plus ou moins de succès et de conviction, pour pousser les maris à la faute. La valse est lancée.
Un sacré rythme
Le rythme est soutenu. Mettre en scène Feydeau est un exercice de théâtre risqué. En l’absence de sous-texte, il s’agit de garder l’attention du public et donc le rythme. Le texte ne fonctionne que sous cette contrainte. Il importe d’éviter toute pause et de jouer toute la pièce en tension. Une pièce de Feydeau est un régal théâtral lorsque la cadence est constante dès son démarrage, et lorsque les comédiens sont au diapason de cette dynamique. L’adaptation et la mise en scène de Philippe Person respectent à la perfection cette périlleuse exigence. Il y ajoute les musiques tonifiantes d’Émilie Marsh. Son Dindon est une course de cent mètres.
Une sacrée équipe
Le comique est un exercice de théâtre exigeant pour les comédiens. Ceux-là sont d’une drôlerie, tant leur talent est immense ! On sait que Florence Le Corre (drolatique Lucienne et Mme Pinchard) joue en ce moment au théâtre de La Flèche la pièce sévère Toutes les femmes sauf une ; la même équipe (Florence Le Corre, Philippe Calvario, Philippe Person) interprétait en avril dernier la formidable adaptation par encore Philippe Person de Une maison de poupée d’Ibsen. Enfin, Jil Caplan (Mme De Pontagnac et Maggy) est non seulement une comédienne talentueuse mais aussi une chanteuse et auteure française, qui en 1992 a remporté une Victoire de la Musique. Et on se souvient de la formidable performance de Philippe Maymat à Avignon cette année, dans Le Misanthrope de Thomas Le Douarec. Cette belle équipe fait rire la salle. Sans pause.
Ainsi, la version de Philippe Person respecte les codes du vaudeville par sa vitesse et sa cadence ; il les pousse à l’extrême. Une splendide réussite.
Le Dindon
Adaptation et mise en scène de Philippe Person
Avec Philippe Calvario, Jil Caplan, Florence Le Corre ou Aurélie Treilhou, Philippe Maymat, Philippe Person et Pascal Thoreau
Visuel : © Affiche