Théâtre
Les marchands, le clair-obscur de Joël Pommerat 9 ans après

Les marchands, le clair-obscur de Joël Pommerat 9 ans après

19 September 2013 | PAR Amelie Blaustein Niddam

2006, festival d’Avignon, personne ou presque ne connaît le nom de celui qui est depuis 2010 le metteur en scène associé du théâtre de l’Odéon. Ces jours-ci, Joël Pommerat “réveille” Les marchands, créé en 2004 au TNS. C’est ce spectacle qui avait imposé sa signature scénique.

[rating=5]

Ici tout est en noir et blanc “comme au cinéma”, les vêtements, les panneaux de ce décor qui se transforme, d’un coup de noir théâtral en usine “Arsilor” ou en appartement vide. Comme au cinéma aussi, la musique jaillit, dramatique pour apporter un vernis d’une beauté absolue à une histoire densément sale.

Contrairement à ce qui suivra dans la carrière de Pommerat, il y a dans ce spectacle une histoire, chronologique de surcroît. Cela déroutera et ennuiera ceux qui ont en mémoire Je Tremble par exemple. Pourtant,  Les marchands doit se voir comme un témoignage ancien resté actuel.

Ici la “misère d’un autre temps” est “dans un décor très contemporain”. Une voix Off raconte le vide d’une existence bouffée par un travail de merde à la chaîne. Elle ne s’en plaint pas, malgré une sciatique de plus en plus handicapante. Elle plaint en revanche son “amie” considérée inutile par sa famille car chômeuse .

Doucement, Pommerat insère, mais seulement par touches, du fantastique. Les morts s’invitent et s’avèrent être les sauveurs de l’inextricable.

Radical, Les Marchands l’est assurément. Sans espoir, glacé dans une mise en scène volontairement appesantie par une voix Off grave, la pièce est une satire sociale et humaine étonnamment actuelle.

Prés de 10 ans après sa création, la force plastique reste mais le rythme apparaît moins puissant. Cela n’enlève rien à la cruauté du quotidien. Ici, on est chez les petits, la province, La seule usine noyautée par La seule famille notable. Le texte de Pommerat appuie sur le misérabilisme, les choses sont “un petit peu” mieux qu’ailleurs.  Si on voit la lumière, elle est froide et blanche.  Les hommes se taisent ou parlent peu, pantomimes conscients de l’esclavage moderne.

Les Marchands est un monument du théâtre à voir ou à revoir absolument, ne serait-ce que pour la leçon technique d’Eric Soyer.

Le spectacle se donne en diptyque avec Au Monde. 

Visuel : Les Marchands – Lionel Codino, Saadia Bentaïeb, Agnès Berthon (c) Elisabeth Carecchio.

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