Théâtre
Le voci di dentro, voyage en Italie à la MC93

Le voci di dentro, voyage en Italie à la MC93

16 January 2014 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Ce sont seulement cinq dates qu’offre la MC93 à la Voce di dentro dans la mise en scène de l’immense Toni Servillo. La raison :  un plateau de stars transalpines à la verve enlevée.

[rating=4]

Edouardo de Filippo a écrit la pièce en quelques jours suite à l’annulation  de La Grande Magia à cause de l’état de santé de sa sœur, comédienne et irremplaçable. Alors en 1948  il pond ce texte. Trois actes, trois lieux, et quelques heures d’actions. Nous sommes dans le relatif immédiat d’après-guerre, dans le temps du réveil de la vie. Mais les choses ne sont plus comme avant, le réel a été troublé, la société a changé, les gens se méfient.

Toni Servillo, le Jep Gambardella de La Grande Bellezza, Franco dans Gomorra ou Giulio Andreotti dans Il Divo… bref, une méga-star, met en scène Le Voci di Dentro. Il sera Alberto et partagera le plateau avec son frère, à la vie comme sur scène, Peppe Servillo, ici dans le rôle de Carlo. Nous sommes à Naples ou pas loin et c’est dans une cuisine que tout commence, celle de la famille Cimmaruta où dès 7h30 se préparent sorbe et salades.  La nuit dernière, Alberto a rêvé, mais un rêve plus vrai que vrai, que la famille avait tué Aniello Amitrano. Il dénoncera, fera arrêter et sèmera le doute dans les esprits mêmes des innocents.

Le voci di dentro est un hit de la culture italienne. La pièce a même inspirée une série télé à sucés. Le public venu en connaisseur a vite surchauffé l’ambiance de la salle de la MC93 se pressant pour atteindre les premiers rangs. Les répliques sues par cœur et les coups de théâtre nombreux furent autant d’occasions d’applaudissements chaleureux.

Ce sont donc des comédiens chauffés à blancs qui se sont emparés du plateau dans un jeu qui s’inspire plus de la commedia dell’arte que de Pirandello. Les mains sont des voix, les yeux s’ouvrent grands, les femmes hurlent, les discussions se font vives dans une langue qui mêle l’italien et le napolitain. Nous sommes dans un Feydeau hystérique où si les portes ne claquent pas, les personnages ne boudent par leur plaisir d’allers et venues, de cachotteries et de méprises.

Tel est pris qui croyait prendre pour Alberto qui est abasourdi par son erreur. L’allégorie très politique trois ans après la fin de la guerre d’une société qui a cru à ses mensonges reste aujourd’hui tout aussi forte mais prend un nouveau sens. Le “rêve” ici est ce qui est l’évidence, ce qu’il faut croire, comme une télé-réalité aux images montées pour nous faire avaler une vérité.

La MC93 nous permet d’accéder au jeu parfaitement mené de Toni Servillo mais aussi de tout l’ensemble de la troupe déjà rassemblée sur ce même plateau pour la Trilogie de la Villégiature. On regrettera une scénographie classique qui choisit uniquement de rester dans le champs de la comédie. Il y a du drame la-dedans, en témoigne la dernière et épurée scène, il y a une ville dont Edouardo de Filippo vient retirer la saleté pour y apporter de la famille sans mafia. Finalement, elles ne sont pas si drôles que ça ces Voci di dentro.

Visuel © Fabio Esposito


2013/14 Le voci di dentro – Toni Servillo… par MC93Bobigny

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